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ZOO(M)
Parfois, j'ai l'impression d'être dans un immense zoo à ciel ouvert, où le public nous mate comme si nous étions des animaux. Tout nous métamorphose en bêtes curieuses.
Un grand magasin cannois (Les GL) ne s'y trompe pas, transformant les mannequins en monstres hybrides avec des corps humains et des têtes d'oiseaux. Star Wars n'a pas fait mieux avec ses robots... Les ovipares ne sont pas statufiés uniquement dans les vitrines.
On trouve des dizaines de pinguoins autour du rocher, dit le Bunker. Des mâles essentiellement qui attirent les papillons au niveau du cou. Toujours dans les environs, j'ai pu croiser une jolie girafe nommée Mademoiselle Jeanne (sans doute en l'honneur de Gaston Lagaffe), en pull couleur prune. De son nom Balibar, je l'imaginais beaucoup plus allongée. L'écran déforme tout. Par exemple, saviez-vous que l'alien adoratrice de gorilles - Sigourney Weaver - est haute et longiligne, avec des épaules toutes menues...?
Un autre drôle d'animal a été importé des Etats Unis. Il pond de drôles d'oeufs robotisés, numérisés, bref artificiels et même virtuels. GL (ce n'est pas le grand magasin, mais le bonhomme, suivez un peu) a le mauvais goût de porter des chemises de bucheron au pays des papillons. Animal numériquement modifié qui n'a pas du rencontrer l'espèce en voie de disparition : le coco. Le chef des coco, étiquetté Hue (pourtant ce n'est pas un âne, le coco), n'est pas venu cette année. Et son camarade marseillais, étiquetté Guédiguian, n'a pas du croiser le savant-clôneur. C'est regrettable : ils auraient des choses à se dire. Mais il y a toujours ce problème de langues entre les différentes espèces. Cela conduit souvent au dialogue de sourd.
Le long de la Croisette, de nombreuses bestioles sont là. Les tourteraux Chiara (Mastroïanni) et Benjamin (Biolay) battent de leurs jeunes ailes mariées le ciel azulé, en vue d'un Carnages, qui fera écho aux Oiseaux hitchockiens présentés ici il y a longtemps. Dans la nouvelle salle des Sables, des crabes se posent, ébahis devant cet Eléphant qui les trompe énormément. Bien sûr, il y a les mémés ridées-bronzées-parfumées qui promènent leur chien. Et des chats de gouttières qui traînent du côté des poubelles.
Il y a ceux qui font les paons en montant des marches, tous fiers de leur exploit; et les fauves qui rodent dans les luxueuses cages Carlton, Hilton, ... Certains ont vu des requins près des bateaux. Luc Besson les avait même accusés d'avoir bouffé ses dauphins de Grand Bleu. Mais je ne pense pas que ce soit les mêmes requins.
Demain, on nous a promis l'arrivée d'étalons sauvages, de ces animaux savants qui parlent et qui pensent.
Je m'interroge sur notre espèce, le Perroquet. A cette période de l'année,il y en a des blancs, des roses, des bleus, des jaunes... Le Perroquet est selon la définition un "oiseau psittaciforme. Il appartient à la famille des psittacidés; généralement, les perroquets ont un plumage vivement coloré (c'est le cas!). Le psychisme des perroquets est relativement élevé, moins cependant que pourraient le faire croire certaines aptitudes à reproduire des sons et à imiter, souvent avec une grande précision, les cris des animaux et la parole humaine." Ceci explique cela : le critique répète tout ce que le voisin lui a dit...
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| Déjeuner en paix
Equipe réveillée fort à propos par l’helvético – italo – germano - tsigane Stéphane Eicher, qui revendique, au travers de son incontournable tube, le droit de pouvoir déjeuner en paix. Evidemment, avec une projection au petit matin, il faut se résoudre à établir un compromis. Un croissant trempé dans un café noir équivaut à se passer d’une précieuse heure de sommeil réparatrice de neurones (denrée censée s’épuiser rapidement), voire encore de se pointer à la bourre au palais et découvrir la nouvelle comédie humaine de Mike Leigh casé dans un mauvais coin. Conscience professionnelle oblige (une sorte de malédiction), nous nous installerons ponctuellement dans la grande salle du bunker le ventre vide. Mon voisin de droite couché sur son fauteuil en chien de fusil ne semble pas avoir non plus déjeuné en paix, ni même terminé sa nuit. Alors que Timothy Spall embarque dans son taxi une française totalement allumée, je crains même qu’il finisse par me confondre avec son oreiller.
La séance bouclée, le jus d’orange au Jimmy’s, qui ressemble à un obscure club disco seventies au sol parsemé de marches vicieuses, finit par contenter un estomac contrarié dans son ravitaillement. Breakfast détendu et concertations studieuses sur l’étude de mœurs All or nothing, qui se paieront par l’oubli de l’apparition de Christina Ricci sur la croisette. Le conseil définitif du jour ira donc au chanteur Stéphane Eicher : Si tu veux déjeuner en paix à Cannes, prend tes dispositions pour ne pas te retrouver booké comme un âne.
Pour le plus grand bonheur d’une génération d’adolescents attardés, le nouveau volet des tribulations des Jedi sort sur les écrans mondiaux. Le vénéré George Lucas a daigné honorer le festival de sa présence pour l’occasion. Franchement peu glamour dans sa chemise à carreaux étrangement assortie à une veste brune, c’est en véritable VRP de la technologie du tout digital qu’il s’est présenté à sa conférence de presse. Pour convaincre les plus récalcitrants, il nous infligea même la célèbre technique marketing du « avant/après », remplaçant les clichés de la ménagère au régime par des plans comparatifs de L’attaque des clones. Alors oui, la définition du digital offre une grande marge de liberté en post production, permettant aux indécis de changer d’avis après les prises de vue. Elle n’aura en tout cas pas permis au californien de corriger le niveau consternant des dialogues de son film, ni de mettre plus en valeur ses acteurs.
Peu importe notre grande déception vis-à-vis de ce nouvel épisode, le succès publique est toujours au rendez-vous, numérique ou pas la franchise est de toute façon rentable depuis belle lurette.
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