BEST OF CANNES
Le 55ème festival sera un feu d'artifice à la fois pour le public et les cinéphiles. Tous les grands noms sont présents.
55ème Festival pour Cannes, et 25ème pour Gilles Jacob. Jamais un Festival n'aura connu une relation aussi fusionnelle avec son Président. Pour cet anniversaire, ls sont tous là : Oliveira, Loach, Kaurismaki, Cronenberg, Assayas, Polanski, Gitai et trois ex palmés comme les Dardenne, Kiarostami, et Leigh. Une compilation des meilleurs cinéastes avec en cerise sur le gâteau, le très rare Woody Allen.
Musique!
A défaut de surprise, on note une certaine prise de risque et une ouverture à d'autres cinémas comme Bollywood, le documentaire, le cartoon. Et la musique. Celle-ci sera omniprésente et pas seulement dans les films indiens. Le Winterbottom retrace l'histoire du rock à Manchester. Le cartoon DreamWorks de l'année (hors-compétition) sera présenté "live" avec Bryan Adams chantant sur scène. Les musiques de films auront le droit à un concert spécial dont les chefs d'orchestre seront Michael Nyman, Alexandre Desplat, Ennio Morricone, Francis Lai.... Festival musical qui rendra hommage à Tati (avec ses musiques de film et la projection de Playtime en version 70 mm restaurée), mais aussi à Billy Wilder (grand adepte des morceaux musicaux dans ses films) et Kapoor (et le cinéma hindi et coloré de Bombay). Le programme est riche et coloré.
Etoiles.
Egoyan, Schroeder et Scorsese ont le droit à des "plages" spéciales. Le réalisateur de Taxi Driver (Palme d'or) présentera 20 minutes de "Gangs of New York" en plus d'une présentation de l'oeuvre de Wilder. Ces 20 minutes seront montrées en présence de Di Caprio et Diaz. Ainsi Scorsese sera-t-il pardonné de son absence de la compétition. Et les stars ne seront pas oubliées : Chiara Mastroianni, Ralph Fiennes, Gabriel Byrne, Alain Chabat, Matt Damon, les soeurs Arquette, Claudia Cardinale, Antonio Banderas, Bellucci et Cassel, Auteuil...
Freshmen
La compétition apporte quelques nouvelles têtes : Alexander Payne (About Schmidt, avec Nicholson, Hope Davis, Kathy Bates), le documentariste Michael Moore (renouvellera-t-il l'exploit de Louis Malle avec le film sur Cousteau?), Paul Thomas Anderson (Punchdrunk Knuckle Love, avec Adam Sandler, Emily Watson, Philip Seymour Hoffman), le palestinien Elia Suleiman, le coréen Im Kwon-taek, le chinois Jia Zhangke et les français Guédiguian (dont Marius et Jeannette avait ouvert Un certain regard en 97), le controversé d'avance Gaspard Noé et la désormais institutionnelle Nicole Garcia.
Cinéma officiel
Cela ne masque pas le côté "label Cannes" et cinéastes "officiels" pour certains pays : Oliveira repérsente encore et toujours le cinéma portugais, Gitai le cinéma israëlien, Kiarostami celui venu d'Iran, Bellocchio symboliserait le cinéma italien, Sokurov symbolise le cinéma russe. Quid de la vitalité des jeunes cinémas dans ces pays? On note par ailleurs une présence moindre du cinéma asiatique et l'absence de films d'Europe de l'Est, d'Argentine, d'Espagne, du Japon et d'Afrique. La sélection Un Certain Regard compense légèrement ces manques et ouvre le Festival à de nouveaux pays. Mais ce renouvellement ne se fait-il pas trop lentement? "Il faut envisager la sélections dans sa totalité", c'est à dire en faisant la somme des sélections nous apprend Cannes. Il n'empêche, Gilles Jacob avoue : "cela a été dur, on y est arrivé. Mais dans quel état!" citant ainsi Jean Yanne.
La Mer
Les tendances dégagées cette année semblent un cinéma engagé (religion, paix, économie, peuple Kurde et peuple arménien...). Le plus engagé sera celui de Michael Moore qui traitera du commerce des armes dans le monde. Les films sont plus courts, les genres plus variés, les stars ne sont pas oubliées. L'Angleterre affiche 3 films en Compétition Officielle, plus le Cronenberg (tourné et produit sur place) et un film dans Un Certain regard. Surtout, on peut noter - si l'on cumule toutes les sélections - un arc méditerrannéen très créatif, de la Syrie (pour le première fois) à la Turquie, d'Iran en Algérie, du Liban à Marseille (avec Guédiguian).
La Méditerrannée, Cannes en sera obésédée. Car le Festival s'ouvre doucement au grand public. Il inaugurera la "salle des sables" pour des projections publiques : un grand écran dans l'eau, et le public sur la plage ; on y projettera les films de Tati tandis que la plage sera décorée d'accessoires liés à ses films.
Patrimoine
Car le Festival n'en finit pas de glorifier sa mémoire : copies restaurées, hommages à Paul Morrissey (Flesh, Trash, Heat) et Resnais (avec la projection de son film Je t'aime Je t'aime sélectionné à Cannes en 68 et jamais montré au Festival pour cause de mois de mai rouge)... Le summum est la sélection de 1939 (Festival là encore avorté, mais par la seconde guerre mondiale) rediffusée pour un jury spécial : on reverra ainsi les films en compétation cette année là comme Le Magicien d'Oz mais aussi des films de Douglas Sirk, Cecil B.De Mille, Sam Wood. Enfin avant la projection du film d'ouverture, Maestro Jacob montrera un montage de 25 ans de Festival, tel qu'il les a vécus et aimés. C'est fusionnel, on vous le dit.
Oublions les oublis
Certains critiqueront le jury, d'autres la sélection, quelques uns insisterons sur les oublis et les oubliés, comme toujours. Qui se hasardera aux pronostics? Il ne faut jamais présummer d'une sélection, film par film. D'autant que les Palmes d'or de président de jury - réalisateur n'ont jamais été très excitantes. Mais Lynch a déjà prouvé dans cette fonction un certain flair. On le voit mal passer à côté d'un talent immense.