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L'Animal

On nous avertit: Gérard Oury est là, et Belmondo, ancien Animal pour les beaux yeux de Raquel Welch, l'accompagne. Une affiche sur la croisette nous annonce l'arrivée en salles de Rob Schneider dans le rôle titre de The Animal. Il n'y a pas de doute, Kubrick avait raison, nous sommes des bêtes.
D’ailleurs tout nous le prouve dans ce microcosme cannois. La guerre, comme le sexe.

6 pieds sous terre
La guerre est un sujet éminemment cinématographique. Pour certains il s’agit de dénoncer, témoigner. Pour d’autres, c’est un décor romanesque. On évitera de parler de Pearl Harbor, perle révisionniste made in Disney. Mais les sujets ne manquent pas. Les lieux de dépaysement non plus. Le Vietnam apocalyptique de Coppola, l’Afghanistan médiéval et obscur de Makhmalbaf, la Bosnie surréaliste de Tanovic ou encore le terrorisme dangereux et criminel d’un homme contre la société chez Cédric Kahn. La guerre plonge les personnages au coeur des ténèbres, celles d’un nuage de napalm ou celles d’un « burgas », ces voiles couvrant les femmes afghanes.
Il y a même la guerre contre un virus, celui du SIDA, filmé par Kiarostami. La guerre est partout, invisible ou massacrante.
Il y a ceux qui se souviennent de ces atrocités (Lanzmann), et ceux qui luttent contre ces absurdités destructrices. La guerre fait de l’homme une vulgaire bête, et méchante, un chien voulant pisser sur le territoire du voisin, en montrant les crocs. Il s’agit de se révolter, de raison... mais bon, pendant ce temps en Israël, en Palestine, au Pays Basque espagnol, un peu partout des conflits éclatent. Des sujets de films. Des images qu’on aimerait voir moins souvent.

7ième ciel
L’autre préoccupation cinématographique majeure est la sexualité, toujours plus crue, toujours présente. Les Américains en parlent beaucoup, mais le font peu, confirmant l’adage.
Heureusement Todd Solondz est là : un orgasme avec un semi-paralysé, un viol consenti et debout à bases d’injures racistes, une fellation entre ados mâles laissant une goutte de sperme au coin de la bouche... C’est du Q.
Dans La Répétition, Corsini fait glisser les mains des deux actrices sous les draps ; les corps se cambrent, les seins se durcissent de plaisir, les doigts vont caresser les sexes. Cette scène d’amour lesbien n’est pas anthologique, mais normalise le rapport et ravira les mateurs.
En fait, le sexe se banalise sous nos yeux. Si Solondz filme allégoriquement une pipe entre gars, Haneke va plus loin avec sa Pianiste.
De vidéos X en bastons, d’accessoires suggérés en slip baissés, le réalisateur autrichien n’hésite pas à exhiber ou simuler fellation, masturbation, pénétration.

e-mage
Nous sommes bien dans une société de l’image, et elle a tout banalisé : le désir comme l’horreur, le sexe comme la guerre, l’intime comme le crime.
La question est de savoir quel impact ça aura sur l’Homme, sa sexualité et son rapport à la violence, et par conséquent son rapport à l’autre, dans quelques années...
A force de tout désacraliser, nous sommes en train de nous anesthésier. La réalité, elle, conduit à la souffrance ou à la jouissance. Et ça le cinéma ne peut pas le reproduire.

VCT.