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Oeil pour Oeil
Demain, vendredi, à 11 heures, sur la plage Orange, seront diffusées les oeuvres du FIFI (Festival International du Film de l’Internet). Aujourd’hui, c’était Initial Cut qui projetait au Noga Hilton, ses heureux vainqueurs s’essayant à la création en télévision interactive. Ces petites webfictions sont des créations originales faîtes pour les internautes avec les outils de l’internet. Animation ou vidéo, séries ou oeuvre interactive, les choix sont variés, les talents innovants. On peut être frustré de ne pas retrouver une qualité « télé » dans l’image. On peut être amer de ne pas voir une qualité digne des plus grands arts, de regretter l’absence de critiques, de se demander toujours et encore quand arrivera la rentabilité et la masse critique d’accès haut débit.
Il faut avouer que la saison est morose dans ce nouveau secteur. Atom a fusionné avec Schockwave. Nouvo.com a fermé. Clicvision change sa ligne éditoriale. Canalweb ne sait plus à quel business plan se vouer. Quasiment aucun artiste indépendant n’arrive à vivre de sa création.
Il y a heureusement une capacité d’inventivité et de recherche qui ne peut que nous ravir.
Aujourd’hui tous les portails, la plupart des sites de cinéma diffusent des courts métrages pour attirer l’internaute. Je ne parle même du phénomène des webcams en sites scénarisés ou conceptualisés. Le Festival de Cannes, via la Semaine de la Critique, a réunit 7 oeuvres parmi les plus connues dans le secteur, pour introduire cette forme de narration sur la Croisette. Rien d’original, mais une tentative louable. De plus en plus de Festivals de films s’ajoutent une sélection dans le domaine, séduisant de nouveaux types de réalisateurs, plus à l’aise avec les pixels que la pellicule.
Le numérique n’a pas encore fait son entrée fracassante dans le cinéma. Tout le monde s’interroge, encore, sur ses opportunités. Il y a bien sur les effets spéciaux et l’animation. Mais depuis Vinterberg et son Festen, peu d’oeuvres en format numérique ont été présentées en Compétition officielle.
On aurait pu croire à l’avènement de la création via le numérique, où chacun pouvait devenir réalisateur, en filmant sa vie ou ses hallucinations. Mais il faut un filtre qui se nomme le talent. Y compris pour les webfictions. Certaines sont largement meilleures que d’autres. Rares sont les sites aiguillant vers les bons clics. Et puis, il faut un peu de curiosité, et parfois beaucoup de ténacité, pour voir ces objets visuels numérique insolites.
Dans le Palais, il y a donc le cinéma, tel un Art consacré, avec ses films, ses grands auteurs, des images sublimes ou déroutantes, ses visions expérimentales, ces fictions émotionnelles. Et un peu à l’écart, un art alternatif, le digima disons, un peu underground, mélangeant l’informatique, le jeu et le cinéma, se montre discrètement sous des tentes blanches, à des initiés, des avant-gardistes.
On verra bien à force de manipulation technologique comment tout cela évoluera.
V.
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