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Liv Ullmann
(comédienne, réalisatrice) / Norvège / 62 ans / Présidente du jury

La nomade européenne Liv remplace l'hollywoodienne Jodie Foster pour présider aux destinées sensationnelles du 54ème Festival de Cannes. Il fallait une femme, une actrice et une réalisatrice, une étrangère. La chouchou des Festivals est avant tout connu pour sa carrière bergmanienne (et son amour pour Ingmar Bergman, cinéaste chéri de Gilles Jacob, Woody Allen, Alain Resnais...). On l'a vue dans " Persona ", " Cris et chuchotements ", " Sonate d'automne ", " La diagonale du fou ", " Pourvu que ce soit une fille ". Elle a surtout réalisé des films à partir de scénarii d'Ingmar. C'est le cas de " Private Confessions " et " L'Infidèle ", tous deux présentés à Cannes.
Les prix n'ont pas manqué : deux fois nominée aux Oscars, 4 fois aux Golden Globes (et un Golden Globe pour Les Emigrants), trois fois citée comme meilleure actrice par la National Board of Review, le New York Film Critics Circle et la National Society of Film Critics, elle a aussi reçu le prix le plus prestigieux à San Sebastian, Venise... jusqu'à recevoir pour son premier film, " Sofie ", trois prix au Festival des Films du monde de Montréal, où elle est devenue marraine d'honneur.
Pour le cinquantenaire des Cahiers du cinéma, un choix parfait. Une grande comédienne, intellectuelle, austère, l'égérie d'un cinéaste qui se rapproche de plus en plus de l'ombre et qu'elle essaie de placer encore dans la lumière.

Mimmo Calopresti
(scénariste, réalisateur) / Italie / 46 ans
Ses films viennent souvent sur la Croisette, toutes sélections confondues :
le très émouvant " Je préfère le bruit de la mer " en 2000 (Un certain regard), " Mots d'amour " (Quinzaine des réalisateurs), " La seconda volta " en Compétition officielle en 96. Cet italien venu de la lointaine Calabre a souvent tourné avec Valéria Bruni-Tedeschi, mais aussi avec Nanni Moretti (réalisateur en compétition officielle cette année). L'Italie est décidément à l'honneur cette année, puisque la Président Ullmann y a joué dans quelques films.

Charlotte Gainsbourg
(actrice) / France / 30 ans
Son père est mort il y a dix ans. Deux fois césarisée, cette actrice franco-britannique a émerveillé le public en Effrontée, avant de le conquérir en Petite Voleuse. Mais Claude Miller n'est pas le seul à avoir craqué : Chouraqui, Varda, Rochant, Blanc (Grosse Fatigue déjà à Cannes). Mais Charlotte a surtout incarné une paumée dans " Merci la Vie " de Blier, une fille matérialiste à la recherche du grand amour dans le populaire " La Bûche ", la Fantine dans " Les Misérables " et récemment la mytho de " Félix et Lola " de Leconte. Elle ne prend que des rôles qui ne lui ressemblent pas. Un zeste de citron à sa vie déjà légendaire ?
[fiche Ecran Noir]

Terry Gilliam
(acteur, scénariste, réalisateur) / USA / 61 ans
Cet ex-Monty Python va détonner sur les marches. C'est à lui qu'on doit le lifting le plus réussi du 7ème Art avec " Brazil ", les scènes en Montgolfier les plus belles du cinéma (" Les aventures du Baron Munchausen "), la meilleure interprétation de Robin Williams (" The Fisher king "), et le film le plus apocalyptique des oeuvres millénaristes (" Twelve monkeys "), bref, il est capable de tout, et surtout des extrêmes. A preuve, le sous-estimé mais néanmoins culte " Fear and Loathing in Las Vegas ", présenté à Cannes en 98, qui déformait et accentuait chacune des hallucinations de Del Toro et Depp. Le rêveur Gilliam, docteur ès délirium, auteur de films surréalistes et d'histoires oppressantes, raconte notre société à travers ses vices, et une certaine (over)dose d'héroïsme.

Mathieu Kassovitz
(acteur, scénariste, réalisateur) / France / 34 ans
Il sort tout juste de l'énorme succès en France et en Italie des " Rivières Pourpres " (déjà en DVD). Ce prodige du cinéma français a bluffé Cannes avec " La Haine " ; et Cannes l'a tout autant humilié avec les sifflets pour " Assassin(s) ". Il n'est pas rancunier. De " Fierrot le Pou " (où il rencontra Jeunet) à " Métisse" (où il donna un rôle à son pote Cassel), Kasso a tracé son chemin et est devenu l'un des cinéastes les plus respectés. Jodie Foster (encore elle) avait d'ailleurs soutenu la promo de La Haine aux USA. L'acteur n'est pas en reste : il a joué chez Besson, Audiard, Costa Gavras, Blier, ... Ce brave Nino Quincampoix, de multiples fois primé, est à l'affiche de l'excellent " Fabuleux Destin d'Amélie Poulain " (énorme hit en vue).
[fiche Ecran Noir]

Sandrine Kiberlain
(actrice) / France / 33 ans
Il y a 11 ans, un de ses films était à Cannes. " Cyrano de Bergerac ". Evidemment son petit rôle est oublié... Elle a patiemment construit son propre itinéraire, avec son long cou, sa silhouette de girafe, à travers des films moyens, mais avec de grands comédiens. On la remarque chez Jacquot, chez Rochant (" Les Patriotes " sont aussi à Cannes), et chez de nombreux cinéastes montants du jeune cinéma d'auteur français. C'est la singulière Laetitia Masson qui va la révéler aux yeux de tous, avec une trilogie, certes inégale, mais sublime, où l'actrice reflète le désir de la réalisatrice. Elle ne s'attache à aucun genre de films, à aucun type de rôles ; elle a par ailleurs joué avec Kassovitz (chez Audiard, elle était sa femme). 4 fois nominée aux césar, en plus de celui qu'elle a obtenu, Kiberlain est une actrice attachante et une héroïne discrète.
[fiche Ecran Noir]

Philippe Labro
(écrivain, scénariste, réalisateur, homme de radio) / France / 65 ans

Le doyen de ce jury. Et l'atout culture/médias. Cet ancien patron (durant 20 ans) de la première chaîne de radio de France (RTL pour ne pas la nommer) est aussi un touche à tout, parfois avec brio, parfois de manière bâclée. Il a écrit les scénarii et réalisé " L'Héritier " et de " L'Alpagueur " (avec Bébel), " Rive droite Rive gauche " (Depardieu, Baye, Bouquet, musique de Berger), " La crime ", bref plutôt des polars, quand ses romans flirtent avec les souvenirs de jeunesse (nostalgie magnifiée), les romances à l'eau de rose (et quelques scènes de cul censées être torrides), et une certaine vanité assumée. Labro est un mondain parisien. Un de ceux qui brigue sans désespérer un costume vert et le fauteuil de l'Académie Française, qui espère encore la reconnaissance d'un Prix Goncourt. Il aura au moins eu la patine du prestige d'être membre du jury cannois, catégorie littérature. Un rare honneur.

Julia Ormond
(actrice) / Royaume Uni / 36 ans
Elle fut révélée par la série TV " Traffik ", celle-là même qui donna l'idée à Soderbergh de filmer " Traffic ". Julia Ormond n'est pas très connue du grand public, même si les cinéphiles ont souvent cru y déceler une grande actrice, dont les choix risqués n'ont jamais pu lui permettre d'atteindre sa cible. Que ce soit avec Brad Pitt et Anthony Hopkins ou Richard Gere et Sean Connery, elle n'était que l'atout charme de productions hollywoodiennes de moyenne envergure. Dans le remake de " Sabrina ", elle ne parvient pas à égaler Audrey Hepbrun, malgré Harrison Ford en partenaire. C'est surtout avec les neigeux " Smilla's Sense of Snow " (Ouverture de Berlin) et " Barbier de Sibérie " (Ouverture de Cannes) qu'elle brûle avec justesse d'intensité et de détermination. De quoi au moins concrétiser les espoirs mis en elle par ses pairs depuis 10 ans.

Moufida Tlatli
(monteuse, scénariste, réalisatrice) / Tunisie / 54 ans
Elle est sans aucun doute l'une des cinéastes les plus admirées du monde arabe actuellement. Celle qui a monté l'acclamé " Halfaouine - l'enfant des terrasses " (son nom sera au générique des films arabes les plus importants des années 70-90) a mis en scène " Les Silences du Palais " (Caméra d'Or quand même en 94) et " La saison des Hommes " (Un certain regard 2000). Justement son denrier opus avait reçu aussi le Grand prix de la biennale des cinémas arabes à Paris l'an dernier. Cette ancienne étudiante de l'IDHEC a été scripte, directrice de production, a travaillé en France comme en Tunisie.

Edward Yang
(scénariste, réalisateur) / Taiwan / 54 ans
Grand favori des festivals internationaux, cet ancien " faiseur " de mangas avait gagné à Berlin, Locarno, Singapour et Tokyo jusqu'à l'an dernier. Ce cinéaste taïwanais était parmi les figures montantes des auteurs asiatiques reconnus en Occident et de la Nouvelle Vague de Taïwan. Quand Yi-Yi débarque à Cannes l'an dernier. Yi-yi ou l'histoire de la solitude en milieu urbaine de ce tournant du siècle à travers les yeux d'un petit garçon qui tente vainement de photographier ce que les autres ne voient pas ; et les autres sont aveuglés par leur orgueil, leur matérialisme, leur égoïsme... Il a reçu ainsi le prix du meilleur réalisateur sur la Croisette avant de voir son film couronné à Vancouver, New York, Karlovy Vary, Friburg, nominé aux European Film Awards comme aux César. Bref, la consécration critique et un succès public. Seul membre du jury asiatique, il peut dire merci au Festival de l'avoir propulser à un tel niveau.

Vincy-