- La Répétition
  - La Pianiste
  - Je rentre à la maison
  - Moulin Rouge
 - Site officiel
 

(C) 96-01 Ecran Noir

 
Lézards de la scène

Mai est plutôt une saison de Théâtre. En effet, à Broadway comme à Paris, on récompense les créations de spectacles vivants de l’année précédente.
Il est surtout étonnant que les planches deviennent un décor de cinéma à répétition. Comme si le 7ème Art s’immobilisait à vouloir filmer du vivant, du bois, des respirations, des rideaux rouges, bref un spectacle en lieu clos. Comme si le 7ème Art cherchait une légitimité artistique à vouloir désirer la magie du réel.
Le rapport semble trouble. Déjà l’an dernier nous avions eu Esther Kahn qui voulait brûler les planches.
Cette année, tous s’y frottent. Rideau d’ouverture et trois coups, pour Moulin Rouge, cabaret devenu spectacle. Ici Kidman est Satine, la vedette olé olé de la Place Blanche. C’est aussi le sujet de La Répétition, le film de Corsini, où Béart se la joue comédienne de pièces contemporaine, et vague vedette pour colonnes Morris. C’est bien évidemment le cadre du très bon film d’Oliveira. Je rentre à la maison s’ouvre sur une pièce interprétée par un roi (Piccoli) et une reine (Deneuve).
Oliveira filme le théâtre pour clamer ses mots de cinéma. Sorte d’introspection, de jeux de miroir habiles pour refléter la pensée.
Cela va plus loin avec La Pianiste, et ses récitals, ses répétitions (là encore). Ici, la musique se substitue aux mots. On verra aussi Rivette suivre une troupe de théâtre italienne... Ce manque d’originalité pourrait nous faire croire qu’on tourne scénaristiquement un peu en rond. Quand un Oliveira ou un Truffaut (Le dernier métro) exploite les coulisses ou le spectacle pour leur film, on a le droit le plus souvent à de mauvaises fictions nous filmant des pièces que nous n’aurions pas été voir.
Non content de vampiriser le théâtre, le cinéma se nourrit des écrits littéraires, inventés ou notoires : Chelsea Walls, Storytelling, Je rentre à la maison (avec Joyce), Shrek (les contes et légendes) influent directement sur le script. Sans parler des adaptations à partir de romans.
L’imagination est donc le plus souvent dans l’image ou le montage. Le cinéma ré-exploite à l’infini les arts antérieurs. Et pas seulement, puisque désormais le cinéma s’inspire de jeux vidéos.
Je n’ai rien contre le théâtre. Mais bon si c’est pour voir des gens assis sur des fauteuils rouges un peu serrés, les yeux grand ouverts devant ce qu’on leur montre, autant filmer une salle de cinéma. Et si je veux aller au théâtre, et là éprouver une véritable sensation de spectacteur, je préfère choisir mon spectacle vivant. On a l’impression que le cinéma embaume cet art de la scène...
Donc voilà, nous sommes à Cannes, et on nous sert Avignon. D’ailleurs, Huppert est là.

VCT.