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| Réalisation: Baz Luhrmann Production: 20th Century Fox, Bazmark Scénario: Baz Luhrmann, Craig Pierce Photo: Donald McAlpine Costumes: Catherine Martin Décors: Catherine Martin Montage: Jill Bilcock Musique: Craig Armstrong Bande Originale du Film Durée: 130 mn |
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Montmartre. 1900. La bohème encanaille le bourgeois dans un lieu sulfureux nommé le Moulin Rouge. Eloge de la vérité, de la beauté, de la liberté et de l'amour, l'histoire que nous raconte Christian est la sienne : celle d'un écrivain tombant amoureux de la vedette du Mouli, Satine.
Mais voilà, une courtisane n'a pas le droit à l'amour; elle se fait payer pour que les hommes croient qu'elle leur appartient. Le Duc de Worcester a d'ailleurs des visées. Pour transformer le cabaret du Cancan en théâtre, pour transformer Satine en actrice, il finance le nouveau spectacle des amis de Toulouse, "Spectacular Spectacular". Le contrat stipule qu'il achètre par la même occasion l'amour de Satine.
Mais la belle, mourrante, tombe amoureuse de Christian. Et rien ne sera plus fort... |
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L'ouverture du Festival de Cannes est toujours un événement. Cela faisait longtemps qu'une iomportante production hollywoodienne ne s'y était pas essayée. Moulin Rouge fait les honneurs dun Paris décidément très cinématographique ces derniers temps, celui de Montmartre.
Baz Luhrmann avait le désir de conclure sa trilogie musicale et décalée, commencée avec le dansant Strictly Ballroom (déjà présenté à Cannes) et couronné par le succès majeur Roméo+Juliet, qui avait lancé le phénomène Di Caprio, et récolté prix, dollars et disques de platines.
Moulin Rouge est une aventure avant tout artistique. Il faut y associer la chef décoratrice - qui est aussi la chef costumière - Catherine Martin. Loin de vouloir retransposer fidèlement le Paris de l'époque, Luhrmann a cherché à créer un univers mélangeant les influences (voir critique). Il y a donc un important travail de direction artistique, mais aussi d'effets spéciaux, 300 et quelques, dans le but de "rendre les choses moins parfaites".
A cela s'ajoute l'important travail de recherche musicale. Luhrmann, surnommé Baz, aussi producteur et scénariste du film, n'a pas eu l'autorisation d'utiliser une chanson de Cat Stevens, par exemple. Mais, il exploite un large florilège de tubes pops : Bowie et Eno, Marylin Monroe, Madonna, Elton John, Dolly Parton, Queen... en passant par Offenbach (incontournable), La mélodie du bonheur, Dianne Warren, et Cristina Aguilera (dans la reprise de Lady Marmelade). En extrayant parfois quelques phrases de la chanson ou tout un refrain, il a du harmoniser l'ensemble avec un orchestre. Car ici les paroles des hits font le texte des acteurs; et ils chantent!
On avait déjà vu Ewan McGregor (Trainspotting, Star Wars I) pousser la chansonnette dans le cannois Velvet Goldmine. Pour Nicole Kidman, c'était un plus gros risque. Mais c'est bien elle l'étoile, le coeur (dans tous les sens du terme du film). Les deux comédiens ont été associés très tôt au processus de création : pour adapter le scénario, pour les répétitions (4 mois).. . Baz avaient besoin de leur confiance pour entraîner ces deux stars dans son histoire de folie (s). D'autant que Kidman s'est investit physiquement au point de se blesser à la hanche puis au genou. Ce qui a retardé d'un mois le tournage. La production a largement dépassé les délais. Les décors ont été détruits dans les studios de la Fox en Australie (Matrix) pour faire place à Star Wars (avec le même Ewan McGregor) qui atterrisait une semaine plus tard. On ajoute au casting la chanteuse et comédienne australienne Kylie Minogue en féé clochette électrique...
Avec un budget de 53 millions de $ (sans compter la fête cannoise), la Fox espère surtout rentabiliser cette comédie musicale hype. Sur les radios américaines Cristina Aguilera, jeune chanteuse blondasse pour ados, et rivale notoire de la Britney Spears (selon les journaux les plus en vue du monde people), martelle un Voulez_vous couchez avec moi ce soir à faire palir les républicains puritains; l'idée est de faire vendre le disque et le film. Choisie grâce à sa prestation multifacettes sur les planches de La Chambre Bleue, Kidman, en plein divorce avec Tom (voir les mêmes gazettes people sus mentionnées) s'arrache pour en faire la promo; ses costumes de films ont été vendus récemment aux enchères à New York dans un but caritatif. Ce 9 mai, elle ouvrira le Festival. Le film aura moins le mérite de faire la pub du Paris by night, un peu démodé depuis quelques temps.
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ON CONNAÎT LA CHANSON
"La plus belle chose que j'ai découverte c'est d'aimer et d'être aimé en retour..."
Moulin Rouge est un film flamboyant, riche en détails, indéniablement stylisé à l'excès et selon sa culture musicale, une
oeuvre superficielle et kitsch ou une compilation d'influences du siècle dernier. Et si l'art devenait un ensemble de
créations remixant, remodelant, « remakant », mélangeant des sources antérieures, tous supports confondus? Il est difficile
d'innover de nos jours. Luhrmann essaye pour cela de renouer avec un genre cinématographique : la comédie musicale.
L'hollywoodienne, la made in Broadway, celle où les acteurs dansent et chantent dans des décors irréalistes et colorés,
fabriqués de toute pièce.
Moulin Rouge est un film théâtral, aux frontières de l'opéra et du grand Guignol, entre tragédie (il reprend le mythe
d'Orphée où les enfers sont symbolisés par Pigalle) et farce burlesque. Il s'ouvre sur un lever de rideau rouge. On entre
dans le spectacle, lui-même explorant les coulisses d'un spectacle. C'est une visite guidée dans un Paris qui n'a rien
d'historiquement reconstitué. C'est une mixture visuelle et sonore hallucinante, anachronique, confondant les coiffures des
années 30, les hommages à Méliès et aux débuts du cinéma, les clins d'oeil aux artistes de l'époque (Satie, Rostand... ). On
est dans un cirque, une foire, où chacun s'amuse à jouer devant des miroirs déformants. Certes, Jeunet a fait bien mieux avec
son Amélie, mais il s'agit ici d'un Paris plus pittoresque et factice, comme celui dépeint dans les tableaux vendus Place du
Tertre.
En fait tout serait idéal, si Baz n'avait pas pêché là où ça fait mal : le scénario. L'histoire est facile, les
rebondissements sans intérêts, et cette "lissitude" lasse parfois, et laissera certainement sur le carreau ceux qui n'ont
jamais aimé la musique pop. Car la force de Moulin Rouge est bien de se sauver grâce aux dialogues des "autres". En reprenant
les paroles des chansons d'amour les plus connues et les plus légendaires (avec quelques audaces d'ailleurs), malheureusement
toutes anglo-saxonnes, Baz est assuré de toucher juste dans son message (un peu lourdement répété comme dans tous les films
hollywoodiens récents : à croire qu'on nous prend pour des nigauds). Le message est bien sûr que l'Amour est au dessus de
tout. C'est universel, ça a donné des tas de "silly love songs", et aussi quelques un des plus beaux textes du XXième siècle
(Roxanne, Nature boy, Your song...). Tout cela nous colle aux neurones et exprime avec précision les valeurs du film, de la
beauté à l'amour en passant par la jalousie. Ce venin qui rend fou et fait virer Moulin Rouge dans le drame
vaudevillesque.
La fraîcheur et l'enthousiasme des comédiens "à jouer le jeu" est palpable et participe à cet esprit de folie. Kidman est
somptueuse, belle, et continue d'augmenter dans l'estime des cinéphiles avec ce saut de l'ange paré de diamants dans les
ténèbres de la prostitution "fin de siècle". Mais c'est bien Zidler, en la personne de Jim Broadbent, qui mène la revue et
vole la vedette. Notamment en revisitant avec panache et sans ridicule le Like a Virgin de Madonna. Le reste du casting est
parfait dans l'outrance, la caricature, et un manichéisme voulu.
Il y a donc de la magie dans cet air du temps indémodable, où Baz filme l'avant garde et les expériences libertaires de
l'époque. Une magie qu'on aurait souhaitée plus profonde, plus noire sur la fin, moins romancée ou plus romantique, au lieu d'être simplement romanesque. Moulin Rouge est l'exacte représentation de son titre : un spectacle spectaculaire, un french cancan vertigineux et faisant tourner les têtes, une bonne soirée arrosée à l'absinthe. Le film rappelle les comédies musicales de Marylin. Quand la rousse Kidman reprend "Diamonds are a girl's best friend", on pense immédiatement à l'icône blonde du 7ème Art. L'histoire n'était alors qu'un prétexte pour les numéros chorégraphiques. Il fallait simplement divertir, avec beaucoup de féminité, de bon goût et un brin d'érotisme. Si Moulin Rouge, le film, n'a rien de sulfureux, ne créant aucun désir, il satisfait un simple plaisir : vivre une belle histoire d'A. Qui finissent mal en général.
Vincy- |
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