Après Quatre mois, trois semaines et deux jours, Cristian Mungiu éprouvait le besoin de produire une grande œuvre populaire qui s’adresse en priorité aux Roumains. Un film à la fois joyeux et décapant, qui reviendrait sur les années noires du pays, cet "âge d’or" tant vanté par le régime de l’époque, et au cours duquel la population n’avait rien à manger. C’est ainsi qu’est née l’idée de ce film à sketches déclinant les "légendes urbaines" de la Roumanie de Ceaucescu.

Dans ce premier volet, quatre histoires se succèdent. Indépendantes les unes des autres, elles se passent indifféremment en ville ou à la campagne, et ont comme seul lien l’absurdité d’un système poussé à l’extrême, dans lequel la volonté de tout contrôler conduit immanquablement au désordre le plus risible. Le ton est en effet plus humoristique que dramatique, soulignant la bêtise des représentants du pouvoir et de leurs partisans. En face, les simples individus confrontés à cette implacable machinerie font preuve d’une patience et d’un détachement admirables, preuve que l’on est bien dans le conte où, finalement, rien n’est jamais vraiment grave.

D’où l’outrance de certains personnages et l’aspect un peu systématique des situations qui se veulent moins réalistes qu’archétypales. Cela n’empêche pas de percevoir l’ironie et la saveur de chaque histoire, mais avec un bémol : en voulant absolument mettre les rieurs de leur côté, et gommer au maximum la tragédie au profit du cocasse, ces Contes de l’âge d’or restent plus anecdotiques qu’édifiants.

MpM