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Leonera
Sélection officielle - Compétition
Argentine
CELLULES COUCHES
« - Quelle était leur relation avec eux ?
- L’un était mon copain. L’autre était son amant. »
Le générique est presque trompeur : une chanson enfantine qui raconte que nous faisons tous partis du même univers, quelques soit notre adresse… Leonera n’aura pourtant rien d’innocent ou d’idyllique. Les enfants dans ce film habitent en prison.
Il ne faudrait d’ailleurs pas trop déflorer cette histoire. Grâce à un découpage alerte et habile, la mise en scène entretient le mystère. Plan par plan, gestes après gestes, le spectateur découvrira par lui-même, progressivement ce qui attend Julia. Nous éprouvons une immédiate empathie pour cette jeune femme impossible à juger. On la suivra donc avec intérêt, s’inquiétant même de ce qu’elle pourrait devenir, ce qui pourrait survenir et contrarier ses plans.
Pablo Trapero distille ainsi habilement ses ingrédients pour que cette femme « perdue » retrouve sa voie. La mère, qui n'arrive qu'au bout de trente minutes, sera le miroir facilitant la dialectique, le débat "politique"sur le sujet. Nous comprenons instantanément la tension entre les deux femmes. Quant à l’amant, il s’invite presque une heure après le début du film, et nous saisissons bien l’ambivalence des sentiments. Sans pathos ni angélisme, le cinéaste réussit même à mélanger la dureté de l’environnement carcéral et la douceur maternelle qui y règne. Il y a là un sujet quasiment documentaire à propos des mères condamnées. Il n’évite rien : les petits trafics, le lesbiannisme, la lourdeur et lenteur judiciaire…
Leonera se sauve sans doute de la compassion complaisante grâce à ces instants dramatiques, ces égoïsmes qui coexistent et surtout quelques scènes surréalistes comme la séquence des Pères Noël. Mais entre un prologue vivace et un final intense, le film déambule, avec parfois cette impression de voguer, sans véritablement contrôler son rythme. Heureusement, soutenu par une actrice magnifique et un ton cohérent, le drame continue, du début à la fin, à nous tenir la main. Le script réserve suffisamment de surprises pour s’offrir des rebondissements bienvenus vers une conclusion, ouverte, optimiste, périlleuse. Ses quelques défauts valent bien à Leonera des circonstances atténuantes, contrairement à ce que la justice inflige à Julia, personnage féminin qui restera dans les mémoires. Pas seulement parce qu’elle évolue dans un lieu peu connu, mais tout simplement parce que son histoire n’a rien de banal. Jusqu’à la fin, Trapero nous la fera aimer, nous fera craindre pour elle. Pourtant, en ne dissipant pas toutes les brumes et en ne répondant pas à toutes nos questions, il prend aussi le risque d’opacifier les intentions de la jeune femme, et de ne pas nous la faire mieux connaître, nourrissant ainsi une sorte de frustration…
vincy
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