39-98 | 99 | 00 | 01 | 02 | 03 | 04 | 05 | 06 | 07 | 08 | 09 | 10 | 11 | 12 | 13 | 14 | 15 | 16 | 17 | 18 | 19


 
 
Choix du public :  
 
Nombre de votes : 29
 












 
Partager    twitter



festival-cannes.com
site officiel
boutique : livre, CD

 

Azur & Asmar

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France


PALMIER D'OR





"- Leur sang a la même couleurs."

Michel Ocelot confronte son esthétique, sa patte,  une nouvelle histoire. Car hormis le premier Kirikou, l'auteur a privilégi les petites histoires pour s'assembler en une grande. Considérons donc qu'Azur et Asmar est un second long métrage et le plaisir, le bonheur est le même que celui éprouv par Kirikou 1. Comme Miyazaki - avec qui il partage ce mélange entre la mythologie et le retour aux valeurs simples et familiales - il confirme son talent de narrateur, de messager, mais aussi son inventivit foisonnante pour illustrer ses contes  dormir debout.
Pourtant les débuts sont laborieux. On se croirait presque en Afrique, dans une case, et en 2D. Toute apparition du 3D et d'un enfant blond semble intrusion. Il faut attendre le voyage vers l'autre côt de la mer pour nous emporter vraiment dans cette aventure rocambolesque et magnifique, majestueuse et féerique. Bizarrement en cette terre étrangère on se sent très vite chez nous : les fleurs et la faune sont colorées  outrance, chatoyantes, les animaux sont disproportionnés par rapport aux humains, les femmes ont le pouvoir (sacrées femmes) et quand ce sont les hommes, leurs motivations sont toujours liées  de sales intentions, et la violence est leur langage.
De malédictions en miséricorde, de secrets en astuces, l'histoire pourrait être un jeu vidéo d'arcade. Mais Ocelot se sert des obstacles et des rebondissements pour nous parler de la diversit (et la richesse) culturelle, du respect des fois de chacun, de fraternit et de solidarit, de valeurs comme l'honnêtet et le métissage. Les superstitions y sont ridiculisés, les croyances primaires sources de souffrance individuelle. Fermer les yeux n'est pas une solution. Renoncer  son rêve ou sa dignit c'est comme mourir un peu.
Contaminés par ces épices orientales et les saveurs exotiques, nous suivons avec extase ces deux frères "de lait", un Kirikou angélique et pâle sans maman et son alter ego, mauresque et sans papa. La morale fera en sorte que leur rivalit ne dure pas très longtemps. D'ailleurs le film est pour la paix des messages. Un savant Juif persécut, une princesse enfantine et amusante, un père catholique autoritaire, une mère maternelle généreuse... Les autres rôles ne sont pas avares en caractère bien trempés. Et la réalisation fourmille de jolies idées.
Comme un cartoon aux enluminures dorées et précieuses, cette quête d'amour absolue, le cinéaste a refus un compromis qui apporte une touche essentielle d'authenticit : en deux langues (le français et l'arabe), il n'est jamais sous titr. "Avec le ton que j'ai employ, il n'y a pas de problème de langue". Au visuel s'ajoute donc l'oral. L'écoute. Les visages expressifs. Derrière tous ces trompe-l'oeil, cet immense jeu d'illusions qui nous détourne le regard, nous masque nos opinions, nous aveugle, même, prend tout son sens lorsque seuls les gestes et la parole suffisent  s'exprimer. Ainsi l'on parle lion  un lion. Et l'on renvoie le salut (en arabe) si l'on veut être courtois.
Sur ces notions de base qui fondent les civilisations, Azur et Asmar représentent tout simplement un dialogue possible entre les cultures, les peuples. Un avenir plus optimiste que celui qu'on veut nous vendre sur la base primitive de la peur de l'autre. Ouvrir les yeux ou le coeur, s'ouvrir aux autres. Nous ne pouvons qu'être conquis, petits ou grands. Baume aux neurones.
Car l'histoire et l'imaginaire, la musique de Gabriel Yared, l'usage malin de l'action comme des sentiments, de la fable innocente comme de la parodie satirique du français moyen, dévoilent une vérit : la recherche de la Fée n'est qu'un prétexte pour parler de notre appréhension du monde Arabe, dans toute sa beaut. Même si Azur et Asmar ne sont pas Kirikou, leur épopée nous charme et nous fait rêver  un monde meilleur. Sans gris.

v.



(c) ECRAN NOIR 1996-2024