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Production : Nord Ouest prod., Mac Guff Ligne, Studio O, France 3 Cinema, Lucky Red, Intuitions films, Zahorimedia Réalisation : Michel Ocelot Scénario : Michel Ocelot Distribution : Diaphana Son : Thomas Desjonquieres, Cyril Holtz Musique : Gabriel Yared Durée : 99 mn
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Patrick Timsit : Crapoux
Hiam Abbass : Jenane
Karim M Ribah : Asmar
Cyril Mourali : Azur
Fatma Ben Khell : Princesse Chamsous Sabah
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Azur & Asmar
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France
La pression est immense. Les deux Kirikou ont eu les éloges critiques, le succès public, 2 millions de spectateur chacun, donn le rôle de Roi de l'animation française son auteur, Michel Ocelot. Désormais, le réalisateur est considér avec Miyazaki comme l'un des grands du genre dans le monde. Et si le japonais a eu les honneurs de Berlin et Venise, le français - après une présentation spéciale l'an dernier de Kirikou et les bêtes sauvages, sous forme d'extrait et de leçon de cinéma pour les plus jeunes - revient en sélection la Quinzaine des réalisateurs, pas très loin de Gus Van Sant...
L'animation est devenu un march lucratif pour le 7 Art. Au premier semestre 2006, le champion américain du Box Office s'appelait >L'âge de glace 2. En France, en moins 9 ans, nous sommes passés de moins de 7 millions d'entrées en 1997 18 millions en 2005. Record en 2004 avec 25 millions de cinéphiles, soit 136 millions d'euros de recettes (Shrek 2, Les indestructibles). Le film d'animation représente désormais 10 15% des entrées. Enorme.
De Renaissance U en passant par Piccolo Saxo et le Ocelot, l'animation française ne désarme pas cette année, offrant même une palette très variée de styles. L'an dernier, les 8 longs métrages d'animation français ont séduit 2,7 millions de spectateurs, du jamais vu. Un spectateur sur six dans le secteur. Il faut dire que le cinéma anim ne concerne plus seulement les enfants. Et les films d'Ocelot plaisent tous les publics.
Sauf aux Américains et aux ignares. Pour diverses raisons. Les Américains jouent les Tartuffe et ne supportent pas de voir trente secondes d'allaitement. La plupart des pays arabes ont tiqu lors des acquisitions. Le Allemands voulaient sous titrer les dialogues en arabe (non sous titr en version originale française). Les Turcs ont quand même exig une traduction. "La plupart du temps, j'alterne mes deux langues dans le dialogue, et une réponse renseigne sans équivoque sur la question. Je trouve aussi que cette absence de sous titres est une élégance. Un cadeau que je fais aux enfants, entendre plusieurs langues. Je pense que c'est un événement sonore séduisant."
Aventure dans le monde de la 3D
Car Azur et Asmar ce n'est pas seulement le premier essai d'Ocelot dans le monde la 3D.
Jacques Bled, PDG de Mac Guff Line, l'origine des effets 3D du film précise : "ce n'est qu'un outil. Quand Michel utilise le dessin anim, le papier découp, les silhouettes ou la 3D, le résultat final est une oeuvre qui n'appartient qu' lui, un vrai film d'auteur. Je me souviens qu'il m'avait parl d'une des raisons techniques qui l'a pouss s'intéresser cette technique. Il m'a dit : "Quand on dessine une animation et que l'on doit tout recommencer, il faut tout reprendre zéro, alors qu'en 3D, on peut intervenir sur ce qui a ét fait et corriger."
Azur et Asmar c'est aussi l'audace de parler crûment et joliment des relations avec l'Islam, de laisser des dialogues entiers en arabe sans qu'il n'y ait la moindre traduction. C'est être authentique, naturel et simultanément nous immerger dans un monde enchanteur et irréel. Le film sortira avec un important dispositif marketing : 500 copies (du jamais vu pour un dessin anim français) juste pour les vacances de la Toussaint, 5 livres chez Nathan Jeunesse (dont un album documentaire et un très beau livre théâtre), ...
A l'origine des mondes et légendes
Ocelot avoue : "Dans le film, évidemment, je suis le beau héros, pur, magnifique, aux yeux bleus et transparents, mais je suis aussi Crapoux, qui fait tout de travers et crache sur ce qui est, en fait, son pays." "Je suis parti d'une envie morale et contemporaine. Les images d'ailleurs, le Maghreb et la civilisation musulmane sont venus ensuite." Un défi en soi : "Nous nous appliquons être exacts, historiquement, géographiquement. Ce qui ne m'empêche pas de prendre des libertés par ailleurs, d'autant qu'il n'y a pas d'images du Maghreb entre l'époque Antique et le XVIe siècle, pour cause d'interdits religieux." D'o quelques tricheries : "Les costumes des deux héros devaient avoir une allure féerique. Je les ai pris dans la civilisation persane, plus exactement l'époque séfévide, au XVIe siècle (Damas, Bagdad, l'Iran avaient continu l'art de l'image." Il a fallu une énorme masse de documentation. Cet amoureux de littérature, qui s'est personnellement impliqu dans les cinq livres liés ce conte, qui ne s'appuie sur aucun conte préexistant, a donc puis naturellement dans les bibliothèques : "des livres, des livres et encore des livres! J'aime cela. J'ai un vrai plaisir me plonger dans de beaux livres d'images, même sans alibi professionnel. Mais Internet est désormais une autre source précieuse." Ainsi, ce sont les Mosquées d'Istanbul qui ont servi d'inspiration pour les monuments de la ville... De croquis en photos , Ocelot a voyag en Afrique du Nord pour aller chercher ses couleurs, son style.
Après un an de BD et storyboard pour définir le film, il faut dessiner les 1300 plans du long métrage. Pour le coup, Ocelot s'est associ avec un producteur install, Christophe Rossignon - les productions Nord-Ouest : Je vais bien ne t'en fais pas, Joyeux Noël, Irréversible, Une hirondelle a fait le printemps - pour supporter le coût du film. De même, dans sa tradition d'allier musique et image, le cinéaste a fait appel au compositeur césaris et oscaris Gabriel Yared (Le patient Anglais). Ce qui fait un CD chez Naïve en plus du CD avec l'histoire du film. Sans oublier le jeu vidéo pour PC et PS2 (13 niveaux).
Et sinon tout a ét fait en France, ou presque. "J'ai atteint une qualit formelle que je pouvais obtenir autrement (pour moins cher, ndlr). J'ai fait tout le film dans la ville o je vis, tous les artisans de l'oeuvre étaient ensemble, s'entendaient et se donnaient cette création." Harmonie humaine loin des délocalisations économiques.
v.
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