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Production : Mkb Pictures Réalisation : Im Sang-Soo Scénario : Im Sang-Soo Montage : Lee Eunsoo Photo : Kim Woohyung Décors : Lee Minbook Distribution : Cipa Son : Kim Sukwon Musique : Kim Hongjip Durée : 102 mn
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Song Jaeho : le Président Park Chunghee
Jeong Woonjoong : Cha, le garde du corps en chef
Han Sukgyu : Ju, agent de la KCIA
Kim Eugsoo : Colonel Min
Cho Eunij : la starlette
Baik Yoonshik : Kim, directeur de la KCIA
Kim Yoonah : la chanteuse
Kwon Bynggil : Yang, le secrétaire en chef
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The President's Last Bang (The President s Last Bang)
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
Corée du Sud / projeté le 13.05.05 / sortie le 05.10.05
Im Sang-Soo est devenu en quelques films un des cinéastes majeurs sud-coréens. Encensé, controversé dans un pays comprimé par la censure, son cinéma s'est jusqu'ici joué des mœurs bridées de son pays. Libération sexuelle au féminin (Girls Night Out, 1998 / sorti en France en 2000), vie en conditions marginales (Tears, 2003) : rien d'étonnant finalement pour cet ancien étudiant en sociologie, natif de Séoul, qui, sous l'impulsion de son père (critique de cinéma), entra à la Korean Film Academy avant de devenir l'assistant de Park Jong-Won en 1989 (sur Kuro Arirang) puis celui d'Im Kwon-Taek (Son of a General 1 et 2) en 1990 et 1991.
En 2003, son troisième long métrage, Une femme coréenne fit de lui un incontournable du paysage cinématographique coréen. Un film polémique fort de ses moments d'érotisme ardents, couronné d'un excellent succès public, sélectionné entre autres à Venise et Stockholm en 2003, puis au Festival du Film asiatique de Deauville l'année suivante. Avec The Presient's Last Bang, le cinéaste s'attaque à une page essentielle de l'Histoire sud-Coréenne, dénonçant la dictature du Président Park, ironisant sur son assassinat, ses tendances alcooliques, son goût prononcé pour la bonne compagnie féminine, entre autres caprices délicieusement exploités. Lors de sa sorti coréenne, le film fit scandale entraînant le réalisateur et son distributeur dans plusieurs procès médiatique dont un intenté par la propre fille du Président Park devenue chef de l'opposition centre-droite. A l'arrivée, le film fut amputé de ses images d'archives en son prologue et épilogue. Images jugées trompeuses considération fait du traitement artistique d'Im Sang-Soo. Peine perdue. Cela ne modifiera pas son propos.
Un bref mémo des faits s'impose pour apprécier pleinement The President's Last Bang. Retour sur la deuxième République de Corée qui vit le jour après la démission du Président totalitariste Rhee Syngman (1948-1960), réélu pour la quatrième fois en 1960 après des élections vraisemblablement truquées.
La Corée du Sud, démocratie que de nom, n'était alors qu'au début de ses nouvelles peines, en proie à maints troubles intérieurs et déchirements politiques. Entouré d'une junte militaire, Park Chung-Hee, général formé par une académie militaire sous l'occupation japonaise (1910-1945) en profita pour réussir son putsch et se faire élire Président en 1962. Marche forcée vers l'industrialisation, normalisation des relations avec le Japon (1965), premières déclarations communes Nord-Sud pour la réunification Pacifique (1972) : la politique économique du Président Park transforma littéralement la République de Corée, mutations constitutionnelles et croissance de 15% en 1976 à la clé. Un essor naturellement indissociable de son pouvoir autocratique. Les années 70 furent marquées au fer rouge par l'ouverture d'une chasse sans merci aux opposants démocrates, notamment avec l'enlèvement du futur Président Kim Dae-Jung à Tokyo en 1973, sans oublier l'entrée de la Corée du Sud dans le conflit vietnamien.
En 1967 et 1972 Park Chung-hee se fait réélire Président. En 1974, sa femme est assassinée lors d'un attentat le visant en plein discours de commémoration pour la Fête Nationale. Médias et classe politique accuseront la Corée du Nord.
Dans la nuit du 26 au 27 octobre 1979, le Président Park est abattu par Kim Jae-Gyu, directeur de la KCIA (l'équivalent de la CIA en Corée) lors d'un dîner arrosé en petit comité et présence de deux jeunes femmes de compagnie. Les motifs et conditions de cet attentat n'ont jamais été exposés au grand jour. Il n'en faudra pas moins à Im Sang-Soo pour nous offrir cet exquis manifeste politico-satirique, élégance plastique, décalages gores, pluie de sake, chants, musiques japonaises et sex appeal féminin en bonus. Une chaude nuit pour enrayer dix-huit années de dictature à délecter immanquablement. Enfin de l'audace.
Sabrina
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