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Nos batailles
Semaine critique - Séances spéciales
France / sortie le 03.10.2018
PÈRE CÉLIBATAIRE
Olivier est chef d’équipe et syndicaliste dans un entrepôt de stockage de produits vendus sur Internet. Les dirigeants de cette entreprise n’hésitent pas à se débarrasser sans états d’âme des employés jugés insuffisamment productifs. Pressentant son éviction prochaine, l’un deux se suicide, laissant sa famille et ses collègues désemparés.
Peu de temps après, la femme d’Olivier, Laura, dépressive, disparaît sans laisser d’adresse. Olivier se retrouve du jour au lendemain seul pour s’occuper de son fils et de sa fille en bas âge. Parallèlement, il continue à se bagarrer pour faire respecter les droits des salariés dans sa société. Pour faire face à ses problèmes familiaux et professionnels, il va être soutenu par sa mère (Dominique Valadié), sa sœur (Laetitia Dosch) et ses collègues syndicalistes, notamment Claire (Laure Calamy).
Après « Keeper », sorti en 2015, « Nos batailles » est le deuxième long-métrage de Guillaume Senez. Le cinéaste franco-belge, séparé de la mère de ses enfants, s’inspire en partie de son expérience personnelle de la paternité. « J’ai appris, comme Olivier dans le film, à vivre seul avec eux, à les regarder, à les entendre et à les comprendre. Ce fut une période fondatrice pour moi, en tant qu’homme, mais aussi en tant que cinéaste », explique-t-il. Le réalisateur parvient à trouver un équilibre entre les scènes avec les collègues de travail et les scènes familiales, dessinant à petites touches le portrait d’une famille devenue par la force des choses monoparentale.
Romain Duris, qui trouve dans Nos batailles un de ses plus beaux rôles, incarne avec justesse ce père parfois maladroit, mais toujours très attentionné, amené à se remettre en question. Très convaincants, les autres acteurs sont au diapason, de Dominique Valadié à Laetitia Dosch, en passant par Laure Calamy, mais aussi Basile Grunberger et Lena Girard Voss, qui interprètent les deux enfants.
Guillaume Senez ne donne pas de dialogues écrits à ses comédiens. « Nous travaillons séquence par séquence. D’abord en improvisation, puis, petit à petit, en les accompagnant au plus près, nous arrivons ensemble aux dialogues. Et ça met tous les acteurs sur le même pied d’égalité. Avec les enfants, cela fonctionne particulièrement bien », raconte-t-il.
Ainsi, le film sonne juste. Le scénario, signé Guillaume Senez et Raphaëlle Desplechin, est bien ficelé et on suit avec intérêt cette histoire simple, faite de hauts et de bas, avec des personnages qui révèlent tantôt leurs forces, tantôt leurs faiblesses. Un film plein d’humanité.
Pierre-Yves Roger
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