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Solo: A Star Wars Story
Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 23.05.2018
Y A-T-IL UN PILOTE DANS L’ESPACE ?
« - Je ne sais pas s’il a dit tribu ou famille.
- Quelle est la différence ? »
On va bientôt croire que les spinoffs de la saga Star Wars sont plus impertinents et plus captivants que la série infinie originelle. Comme Rogue One, Solo réussit à divertir tout en s’appuyant sur un cinéma de genre. Qu'on se comprenne bien, ici il n'y a ni la noirceur d'un Dark Knight ni la "désopilance" d'un Deadpool. Solo s'amuse avec ce qu'il fait de dérision dans certains dialogues, la nonchalance de son héros et les multiples références au personnage mythique de la franchise un peu comme un James Bond anniversaire.
Plus troublant, sans doute à cause de l'ombre portée par Harrison Ford, la présence de la productrice Kathleen Kennedy et le scénariste Lawrence Kasdan au générique, on a presque l'impression de voir un épisode d'Indiana Jones.
A ce titre, Alden Ehrenreich endosse parfaitement le costard avec son insolence, sa malice et sa bravoure. Il lui manque juste le célèbre rictus du sale gamin qui fait tout le charme de Ford.
Pour le reste il y a ce qu'il faut de spectacle et de moments tendus. Même s'ils ne brillent pas leur originalité. La partie de casino, la guerre de tranchées, l’attaque du train, sorte de réplique du Snowpiercer, l’évasion des mines esclavagistes dans un vortex infernal très « Jules Verne », tout ramène à des productions hollywoodiennes déjà vues. Rien n’est vraiment dramatique, même là où on devrait s’arrêter de plaisanter ou de sourire.
Cela donne un ton assez ironique à un film qui raconte le « making of » d’un hors-la-loi déserteur, désobéissant et perturbateur de lointaines galaxies familières et hostiles. Les fans prendront plaisir à apprendre comme Solo rencontre Chewbacca ou comment il acquiert le Falcon Millenium. Les séquences de combat sont du pur spectacle. Les missions laissent toujours un cadavre sur place. Bref, ici, plutôt que de dramatiser les enjeux, les scénaristes ont opté pour une montagne russe qui sert à dessiner le portrait d’un futur héros, « un homme bon ». A ses côtés, les seconds-rôles peinent à exister au-delà de leur stéréotypes (Paul Bettany est inexistant) ou préfèrent garder du mystère pour se donner de l’épaisseur (Woody Harrelson et Emilia Clarke par exemple). Mais l'alchimie romantique entre Ehrenreich et Clarke ne fonctionne pas assez pour croire à leur passion. C’est finalement la droïde L3 qui vole la vedette avec son discours féministe, émancipateur, progressiste, gauchiste et protestataire.
S’il y a quelques facilités d’écriture (évidemment quand on entend « Suivez le plan, n’improvisez pas » on sait que l’improvisation va prendre le dessus), le film se réserve quelques rebondissements et suffisamment de trahisons pour savoir surprendre. La fin manipule les codes hollywoodiens, notamment en sauvant un personnage qui avait toute s les chances de mourir, permettant une suite, qui se situerait avant l’épisode IV.
Solo ne réinvente rien, n’apporte pas grand chose, mais offre un show spatial efficace, qui se détache du sérieux des épisodes officiels. Par sa décontraction, et même son manque de profondeur, il s’apparente à un plaisir coupable. Après Rogue One, qui flirtait avec la tragédie sacrificielle à la « Kurosawa », Lucasfilms réintroduit le western de série B, avec un bon truand pas si brut(al).
vincy
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