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L'atelier
Certain Regard
USA / sortie le 11.10.2017
HORS LES MURS
"Je suis persuadée que tu es beaucoup plus intelligent que ce que tu veux faire croire."
En mettant en scène un atelier d'écriture pour adolescents, Laurent Cantet renoue avec l'idée du collectif au travail, et prend le risque inévitable de la comparaison avec son grand œuvre, le palmé Entre les murs. Si l'idée de départ est bonne, elle est malheureusement assez vite dévoyée. Dès les premières scènes d'exposition, chaque participant donne l'impression d'être là pour répondre à une intention, pour symboliser ou représenter quelque chose de bien précis, comme un archétype supposé représentatif, ou signifiant, de la société.
Exactement comme le groupe construit son récit en s'accrochant à des ressorts dramatiques parfois artificiels, Laurent Cantet imagine ses personnages comme des éléments nécessaires de contexte, mais sans existence propre. Il les abandonne d'ailleurs très vite au profit d'un seul élève (là encore bien chargé en signification symbolique puisqu'il porte sur ses épaules tout le poids du racisme français) et de la relation (malheureusement assez tarte à la crème) qu'il noue avec l'écrivaine bobo (elle aussi particulièrement stéréotypée).
Tout semble alors un prétexte : à parler de la ville, de notre époque, du regard qu'ont les jeunes sur la fiction, du racisme, de l'utilisation des réseaux sociaux pour diffuser des idéologies douteuses, des artistes qui se donnent bonne conscience en participant à ce genre d'ateliers mais qui n'ont pas les clefs pour s'adapter à leur public... Il ne manque qu'une petite pique sur ces cinéastes qui bourrent leurs films de clichés et de propos à l'emporte-pièce avec le sentiment de porter un regard édifiant sur leur époque. Tout est d'ailleurs trop pensé, trop écrit, empêchant les échanges d'avoir la moindre spontanéité. Comme si chaque mot se voulait lourd de sens, chargé d'un message essentiel, et chaque situation démonstrative au-delà du nécessaire. On pense notamment à cette fin totalement ratée qui ménage d'abord un suspense putassier, puis explique lourdement les motivations du protagoniste à travers un texte tellement beau et émouvant qu'on se demande pourquoi le gamin n'a pas déjà le prix Goncourt. Comme lui, le film joue la carte finale de l'émotion, mais n'en fait au fond absolument rien.
MpM
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