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Wind River
Certain Regard
USA / sortie le 30.08.2017
LES DÉSHÉRITÉS
«- Tu as vu ce qu’on nous envoie ? »
Taylor Sheridan aime les vastes espaces désolés du grand ouest américain. Rien de mieux que les montagnes et forêts enneigées pour installer un huis-clos à ciel ouvert. Ce thriller, qui n’a rien de fondamentalement original, est une vision renouvelée, actualisée disons, des cowboys (humanistes) et des indiens (dépressifs). Dans ce Wyoming perdu, isolé du rêve américain (le drapeau US est même à l’envers), une réserve indienne est le théâtre d’un crime effroyable qui secoue la communauté. Un fait divers en plein hiver.
L’Ouest est sauvage. Mais ses habitants aussi. Leurs relations sont codifiées. Les Amérindiens n’attendent rien des «wasps ». Un homme fait le lien, respectueux et amical, Cory Lambert (Jeremy Renner, impeccable dans le rôle), entre les deux mondes. Traqueur expert, il doit faire équipe avec une novice du FBI, Jane Banner (Elizabeth Olsen, idoine pour ce personnage vulnérable à la Jodie Foster dans Le silence des agneaux), pour trouver l’auteur ou les auteurs du meurtre d’une fille aimée par tous.
Mais ce qui intéresse Taylor Sheridan, c’est davantage l’aspect quotidien, réaliste, de cette Amérique oubliée. Les dures conditions de vie, avec un climat hostile et une précarité prégnante, la drogue, la fatigue de l’existence, la tentation suicidaire… Wind River est le contraire d’une enquête classique et facile. Les tourments des uns et les méfiances des autres compliquent cette chasse au criminel, qui équivaut à trouver un puma dans un territoire aussi grand qu’un petit pays.
Habilement construit (même le flash back explicatif est joliment amené), sans effet de mise en scène particulier, il déroule son récit vers une vérité sordide. Une histoire d’amour entre deux êtres qui n’auraient pas du s’aimer et qui s’achève en une tragédie bestiale.
Le final, assez convenu, façon OK Corral, est un vrai tir aux pigeons. Le suspens n’est pas le sujet. Le cadrage fait l’affaire avec l’installation méticuleuse de la position du chasseur pour abattre les prédateurs. Cela fabrique une bonne tension.
Cependant, il s’agit surtout de montrer qu’il existe des zones « hors-la-loi », car personne ne se soucie de ces morceaux du pays où l’on ne produit rien, où les richesses ne contribuent pas à l’impérialisme américain. Taylor Sheridan se met du côté des déshérités, ne laissant aucune chance aux exploiteurs. Manière de dire « Foutez-leur la paix » maintenant que vous avez abandonné ces populations qui doivent survivre par elle-même, sans l’aide d’un agent fédéral ou le soutien de médias (cinéma, presse…), à l’écart de la Nation.
vincy
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