|
Choix du public :
Nombre de votes : 16
|
|
|
|
D'après une histoire vraie
Sélection officielle - Hors compétition
France / sortie le 01.11.2017
SA VIE EST UN ROMAN
"- C'est quoi ton mot de passe?"
Pour adapter un livre, il faut le trahir. N’en voulons donc pas à Olivier Assayas et Roman Polanski d’avoir coupé à la hache dans le pavé de Delphine de Vigan. On comprend d’ailleurs assez aisément ce qui a intéressé le cinéaste dans ce best-seller. L’emprise d’une femme sur une autre, le huis-clos isolé où elles s’enferment, la psychologie ambiguë de chacune des deux femmes... Autant d’obsessions qu’il a déjà filmé au cours de ces cinquante ans de cinéma.
D’après une histoire vraie n’est pourtant pas à la hauteur du sujet. A trop vouloir théâtraliser le récit, à trop accentuer les traits de ses personnages, Polanski perd la sensibilité et la subtilité du propos.
Il y avait de quoi faire un Misery à la française. On assiste juste à un téléfilm doté de gros moyens, résumé d’un livre passionnant, où jamais on ne se sent concerné par le sort de la « victime ».
Le film ne manque pas de rythme. Mais l’ennui gagne rapidement le spectateur tant la tension ne monte jamais, tant le suspens s'évapore. Les scènes se succèdent sans dynamique particulière. Polanski a même perdu sa vista en filmant assez platement des séquences cruciales. On ne ressent jamais la peur de l’une et le machiavélisme de l’autre.
Pourtant Emmanuelle Seigner et Eva Green se donnent à fond dans leurs rôles, s’amusant souvent à surjouer leurs personnages pour donner une dimension dramatique et cinématographique au film. On peut trouver ça parfois risible, parfois intéressant. Dans tous les cas, c’est dissonant avec le reste. Les rôles secondaires sont inexistants. La progression de l’histoire est trop accélérée pour installer le suspens. La relation psychologique qui relie les deux femmes est malmenée et trop rapide pour être crédible. Le mystère est trop superficiel pour nous inquiéter.
De cette « vampirisation », il ne reste finalement qu’une banale histoire incompréhensible d’empoisonnement. Une inquiétude diffuse, un mystère sans chair qui conduisent assez fatalement à un final raté. Comme si le cinéaste avait bâclé de bout en bout ce projet alors qu’il avait un livre formidable entre les mains et deux actrices charismatiques sous les yeux.
vincy
|
|
|