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A Ciambra
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
Italie
BAND OF BROTHERS
"Je te pisse dans la bouche."
Centré sur les péripéties d'un jeune adolescent gitan d'un quartier d'une ville de Calabre en Italie, A Ciambra est le deuxième long métrage du génial Jonas Carpignano.
Jeune rebelle
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, le nouveau film de celui qui nous a apporté Mediterranea est la suite de son court-métrage Young Lions of Gypsy. Pio, 14 ans, veut ici se rapprocher de son grand frère Cosimo. Ce dernier, dans l'obligation de subvenir aux besoins de toute leur famille, enchaîne les délits et les crimes à une vitesse folle, sous le joug de la mafia locale.
Pendant 2 heures, nous suivons donc Pio dans ses prises de décisions, bonnes comme mauvaises. Charmant et humble au début, ses ambitions finissent par avoir raison de lui et chaque retour à la réalité est un petit peu plus brutal que le précédent. Seulement voilà, il apprend vite et son arrogance l'empêche de voir clair.
Film social certes, dans la veine du néo-réalisme italien, A Ciambra est également un film sur la famille et le sens du devoir. Si Pio aime à penser qu'il peut faire partie du monde qu'il veut, qu'il peut évoluer socialement, sa famille ne cesse de vouloir le ramener sur le droit chemin. A l'image de ce grand frère qui, bien qu'il veuille garder son cadet loin des ennuis, le contraint à trahir ses amis pour le bien de leur famille.
Envolées lyriques
Caméra portée, style naturaliste semblable à un documentaire, et toujours le même talent de metteur en scène, le réalisateur de 33 ans, loin de lui l'envie de faire dans le pathétique ou le larmoyant, nous offre ici quelques passages à la beauté renversante, comme lorsque Pio voit apparaître son ancêtre. Scènes fantasmagoriques, celles-ci construisent le personnage et nous permettent de mieux entrevoir les choix qui s'offrent à lui, ou plutôt son absence de choix.
Tourné avec une équipe réduite, A Ciambra présente cette communauté de gitans comme on la voit rarement. Ils sont portés sur les arnaques et n'ont de cesse d'avoir des démêlés avec la justice mais très vite, le spectateur se prend d'affection pour tous ces personnages. Pour ces enfants qui, non-scolarisés et en manque d'éducation, sont destinés à suivre les pas de leurs aînés. Ainsi le jeune Pio intrigue quand sa mère Iolanda nous charme. Et cela alors même que son frère Cosimo perturbe par son mutisme.
Véritable révélation d'A Ciambra, Pio Amato semble d'ores et déjà promis à un bel avenir. On l'avait découvert dans Mediterranea et il se murmure qu'il pourrait être la star du troisième long métrage de Jonas Carpignano. Ce dernier, fier de ses origines multiples, est lentement mais sûrement en train de devenir réalisateur le plus à même de filmer l'Italie d'aujourd'hui telle qu'elle est vraiment. On applaudit et on le recommande.
wyzman
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