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Blade of the Immortal
Sélection officielle - Hors compétition
Japon
GHOST SAMOURAI
Il y a quelque chose de presque universel au cinéma : le sens de l’honneur, l’engament moral de rester fidèle à son devoir, la folie de se sacrifier pour sa mission… Ce principe dicte la conduite de héros de quantité de films qu’on adore. Il peut s’agir de soldats dans une guerre, d’un cow-boy qui va protéger une veuve ou un orphelin, d’un Jedi qui lutte contre le côté obscur de la Force, d’une jeune fille qui veut sauver son ami cochon Okja d’une multinationale capitaliste, qu’importe : être chevaleresque quitte à se battre seul contre tous.
Ce qui fonctionne aussi avec la figure du samouraï au Japon. Une nouvelle fois, le réalisateur Takashi Miike retourne vers un film de samouraï, et là encore il refrène ses exubérances les plus tordues et de nouveau, il nous épate avec un sens de la mise en scène de combats complètements fous. Blade of the immortal est un film de sabre comme on les aimait avant et comme on n’en fait plus, le genre est ravivé de la plus belle manière.
"Je vous exterminerai tous"
Blade of the immortal démarre vite par le tranchant de son sujet : une longue séquence en noir et blanc avec la bataille impossible d’un homme contre une multitude. Durant le combat, il va perdre une main puis un œil mais sa détermination ne faiblira pas, son sabre va tous les tuer. Une vieille femme étrange va déposer dans ses blessures quelque chose (des vers de sang) qui va les guérir pour la plupart : le voilà qui va devenir immortel. Sa légende est née, il sera surnommé le "tueur aux cent cadavres" ! Le film est désormais en couleur et on est déjà emballé.
Plusieurs décennies plus tard, une jeune fille voit devant ses yeux son père se faire assassiner et sa mère violée et enlevée : elle n’a d’autre désir que de se venger. On lui conseille de demander l’aide d’un garde du corps qui ne périra jamais, elle va alors à la rencontre du héros dont elle va découvrir la particularité : guérir même après avoir été transpercé par une lame…
Takashi Miike est doublement un stakhanoviste en produisant et réalisant plusieurs films par an tout en passant d’un genre à l’autre, avec autant de triades de yakuzas que de super-héros farfelus. Toutefois il connaît ses classiques, et mieux encore, certains de ses films vont devenir les classiques de demain au point qu’on aimerait bien qu'il reçoive un hommage ou une palme d’honneur à Cannes après que tellement de ses films y ait été présentés (dans différentes sélections). La maîtrise de ce nouveau Blade of the the immortal laisse cette impression : personne d’autre que lui ne sait faire ça, et il le fait tellement bien !
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’il revisite la tradition du film de samouraï : déjà, 13 Assassins (qui était un remake du film de Eiichi Kudo en 1963) comportait en 2010 une épique scène de bataille finale d’environ 45 minutes ( !), l'année suivante, Hara-Kiri : Mort d'un samouraï (une relecture du film de Masaki Kobayashi de 1962), présenté à Cannes, étonnait à l’inverse par sa sobriété. Ici, avec Blade of the the immortal, il adapte un manga (L'Habitant de l'infini de Hiroaki Samura, une trentaine de volumes) avec lequel il peut à nouveau se permettre quelques excès de violence graphique tout en mettant en scène la sauvagerie d'une bataille à plusieurs dizaines de combattants grâce à un montage dont la lisibilité est extrêmement fluide.
Bien entendu ce sont les différents combats qui font l’impact du film (ainsi que les personnages féminins, les cascades, les différentes armes…), mais pas seulement. Le film comporte aussi une intrigue (un clan qui veut s’imposer et qu’il faut contrer), un peu de réflexion sur la vengeance (qu’est ce qui est le bien ou le mal après un serment fait sur une tombe ?) ou sur l’immortalité vécue comme une malédiction (« tu peux mourir, tu as de la chance »). Et encore une fois une longue bataille finale qui se déroule en plusieurs actes avec plusieurs duels successifs. Epique.
Kristofy
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