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Divines
France / sortie le 31.08.2016
HÉROÏNES SUBLIMES
"Il faut oser être riche : tu visualises la thune et elle viendra à toi."
Présenté à la Quinzaine des réalisateurs du Festival de Cannes 2016, Divines est reparti avec la Caméra d'or (meilleur premier film), une récompense qui avait rarement été aussi justement attribuée. Explications.
Inspiré et inspirant
Dans une cité où trafics et religion mènent la danse, Dounia a soif de pouvoir et de réussite. Aidée par sa meilleure amie Maimouna, elle se rapproche de Rebecca, une dealeuse respectée, et commence à suivre ses pas. Malheureusement, sa rencontre avec le danseur Djigui pourrait bien mettre à mal son ascension.
De La Haine de Mathieu Kassovitz à Tête de Turc de Pascal Elbé en passant par Bande de filles de Céline Sciamma, ce ne sont pas les films sur la banlieue et/ou les cités qui manquent (l'ACID présentait notamment le magnifique Swagger). Et bien que le sujet a déjà été traité en long, en large et en travers, la réalisatrice Houda Benyamina réussit un véritable tour de force ici en faisant du neuf à partir de clichés que l'on aurait tendance à fuir. Drogue, violence, armes, sexe, scolarité, nous serions tentés de dire que Divines nous ressert des scènes et de situations déjà vues et vécues ailleurs. Mais cela serait en grande partie faux.
Par chance plus proche de L'Esquive que de Bande filles, Divines intéresse principalement à cause de ses deux héroïnes absolument incroyables. Amies mais surtout sœurs de cœur, Dounia et Maimouna insèrent une énorme dose d'humanité à un milieu que l'on a tendance à percevoir comme dépourvu d'amour. Plus encore, la romance entre Dounia et Djigui surprend tant elle fait rêver. Les deux s'opposent, se cherchent et se découvrent (presque) comme n'importe qui. Enfin, il y a dans la volonté de Dounia de devenir puis de surpasser Rebecca quelque chose de l'ordre du prophétique, du sacré. L'élève veut faire ses preuvres auprès de son prof, avant de le dépasser.
Intense sur le papier comme à l'écran, le premier long métrage de Houda Benyamina a cette capacité de mettre mal à l'aise et de faire rêver à la fois. A des degrés différents, il y a dans la volonté de Dounia d'être indépendante quelque chose de générationnel, de plus profond que la simple colère d'une adolescente à l'avenir incertain. Pragmatique, elle sait que les études qu'on lui propose ne lui permettront jamais de mener la vie dont elle rêve. Mais parce que chaque acte a des conséquences, rien ne nous garantit jamais qu'elle parviendra à être heureuse, c'est-à-dire entourée de l'homme qu'elle aime, de sa meilleure amie, débarrassée de sa mère... et riche.
Du faussement politique au purement féministe
Nombreux sont ceux qui ont voulu y voir un film social (dans le mauvais sens du terme) voire politique. Certains sont même allés jusqu'à suggérer un palmarès cannois fait pour se donner bonne conscience (cf. Moi, Daniel Blake est reparti avec la Palme d'or). Mais loin de toute grande revendication politique, Divines est avant tout le petit bébé d'une réalisatrice qui a connu la vie en banlieue peu recommandée, la mauvaise orientation scolaire, les injustices et les galères mais qui a toujours persévéré !
Filmé de manière simple (à l'exception de quelques envolées lyriques et filmiques absolument magnifiques), Divines nous a permis de faire la connaissance de quatre acteurs que l'on a plus que hâte de voir ailleurs ! Petite sœur de la réalisatrice, Oulaya Amamra incarne une Dounia futée mais téméraire. Déborah Lukumuena est Maimouna, la meilleure amie drôle et touchante de Dounia. Jisca Kalvanda prête à ses traits à Rebecca, une dealeuse forte mais sensible tandis que Kevin Mischel est le troublant et beau Djigui.
Dans la lignée des Combattants et de Mustang (deux films récents également projetés au Festival de Cannes), Divines est un film ambitieux et nécessaire. Parce qu'il est important de rappeler aux spectateurs que la banlieue n'est pas un lieu d'enfermement et de violences et parce que la place de la femme y est repensée, Divines serait à montrer à tous les jeunes lycéens. Les dialogues sont percutants, les acteurs brillants et le final flamboyant. Bref, Divines est une réussite.
wyzman
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