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L'économie du couple

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France


COMPTES AMOUREUX





Joachim Lafosse filme la fin d’un couple, après 15 ans de vie commune et avec deux petites filles de 7 ans, qui vit encore sous le même toit. Ce couple n’existe plus depuis quelques temps mais ils sont toujours mari et femme en faisant chambre à part, avec souvent un roulement de présences et d’absences pour leurs enfants. Leur séparation de cœur et de corps semble bien définitive mais ils ne sont pas d’accord sur la séparation de leurs biens : luil demande la moitié de la valeur de leur maison alors qu’elle estime que sa part à lui n'est que d’un tiers. Ce calcul qui les oppose prolonge cette situation inconfortable de devoir cohabiter ensemble sans le vouloir.

Les règles ? Tes règles, c’est toi qui fixe les règles tout le temps…

Le beau titre L’économie du couple (After love en anglais, plus direct mais moins joli) signifie autant des règlements de comptes basés sur le passé (travaux réalisés par lui, remboursement du crédit par elle…) que divers comptages de points (promesse non-tenue aux enfants, amis en position de choisir un camp…). Le film débute avec une dispute banale où même mettre la table et ne pas prévoir une assiette pour l’autre est un conflit. Il va ensuite se dérouler avec de nombreuses séquences du quotidien où ce couple va se bagarrer à coups d’arguments divers pour essayer de garder une position de force à propos du partage des biens communs. On devine qu’ils ont été très heureux en ayant aménagé confortablement une maison en nid douillet pour y accueillir leurs deux enfants, mais désormais leur histoire est devenue une difficile équation comptable.

C’est mon jour, pas ton jour

Leurs deux petites filles ont toujours autant besoin de leur maman que de leur papa. Le scénario présente le couple dans une situation de cohabitation forcée, il s’agit pour eux de trouver un arrangement pour enfin vivre séparément. On pourrait craindre un certain cliché du “film-français-qui-se-dispute-dans-une-cuisine”, mais c’est ici bien plus subtil avec une désintégration progressive des liens construits. Elle ne le supporte plus et attend son départ, lui est exaspéré d’être rabaissé et souhaite partir la tête haute. A aucun moment l’histoire ne va s’appesantir sur les fautes de l’un ou de l’autre pour désigner un coupable de l’arrêt de leur histoire d’amour, puisque celle-ci est derrière eux.

Bérénice Béjo (dans un rôle un peu similaire à celui qu'elle avait dans Le Passé de Asghar Farhadi) et Cédric Kahn jouent ensemble l’un contre l’autre avec les états de colère, dégoût, tristesse, lassitude… La caméra est presque toujours sur eux pour une impression plus vive de réalité. Deux longues séquences en particulier seront lourdes de sens : une dispute à table face à plusieurs amis, et une scène de danse improvisée. Presque tout le film est d’ailleurs quasiment un huis-clos de plus en plus étouffant dans les différentes parties de l’habitation, les seuls moments où on verra ce couple ailleurs en extérieur sera un point de non-retour particulièrement dramatique. L’économie du couple fait ainsi se suivre différentes étapes dans un processus d’implosion d’une cellule familiale, avec une évolution des rapports mari-femme et aussi parents-enfants. L’amour peut-il être remplacé par l’amitié ?, on y entend cette délicate question, et naturellement la réponse sera complexe…

Kristofy



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