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Le BGG - Le Bon Gros Géant (The BFG)
Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 20.07.2016
LES MALHEURS DE SOPHIE
« Je n’y peux rien si je parlotte un peu tortillé. »
Steven Spielberg revient au film familial. Avec ce Bon gros géant, il évite l’erreur de Hook, en voulant « adultiser » un conte pour enfant. Le roman de Roald Dahl lui inspire un film pour gamins (de moins de 8 ans). Mais on ne peut être que déçu que le dernier scénario de Melissa Mathison (E.T. l’extra-terrestre) soit aussi ennuyeux et mièvre. Il manque de l’action (même le final qui appelait un combat entre géants et humains est vite réglé), de l’émotion (là, clairement, Spielberg ne pouvait pas sauver un script aussi bavard) et même du suspens (le happy end est programmé dès l’ouverture à la Peter Pan, dans un orphelinat londonien).
Cependant, ce BGG (Big Friendly Giant en anglais) a quelques qualités qu’il ne faudrait pas manquer. Evidemment, les aspects technique et artistique sont irréprochables. On regrettera juste que la musique soit omniprésente du début à la fin et ne laisse pas les silences s’installer (ce qui ne contribue pas à réveiller l’émotion). Le fait que le cinéaste remplace ses habituels petits garçons (E.T., L’Empire du Soleil, A.I.) par une jeune fille ne change pas grand chose. Lectrice, insomniaque, mature, elle est comme les autres : elle a besoin de s’évader de son enfer quotidien, l’absence des parents, etc… Ce détail est compensé par la belle prestation de Mark Rylance en géant timide et besogneux attrapeur de rêves, vegan (malgré lui) et non violent. Deux solitaires qui font l’éloge du rêve : on espérait un peu plus qu’un conte tranquille.
Et s’il ne se passe pas grand chose au royaume des Géants, Spielberg garde un savoir faire dès qu’il s’agit de créer un peu de tension et d’aventures (la destruction du laboratoire de rêves qui a des airs d’Indiana Jones). A l’inverse, l’imagerie est plus kitsch et plus clichée quand il s’agit d’illustrer le merveilleux.
Constamment, le Bon Gros Géant alterne séquences indifférentes et scènes intéressantes. Ainsi, on arrive très vite chez les Géants, sans perdre de temps, mais une fois là bas, tout s’étire pour installer la relation entre les deux « héros ». On peut toujours s’amuser avec le vocabulaire du Géant, un peu particulier, mais le rythme continue de faire le yo-yo sans nous faire palpiter.
Il faut attendre l’arrivée à Buckingham Palace, avec la Reine d’Angleterre herself, pour que Spielberg retrouve un peu de son génie, là où on ne l’attendait pas. Il s’agit sans doute d’un des petits déjeuners les plus farce du 7e art, entre Blake Edwards et les Zucker Abrahams Zucker, avec championnat de prouts pour couronner le tout. Spielberg dans la comédie pour enfant montre qu’il s’adapte à tout avec brio (rappelons nous la scène scato de 1941). Dommage qu’il n’est pas eut matière à nous faire rire d’avantage.
Complètement déséquilibré dans son tempo, bancal en maniant trop de genres, voulant plaire avant tout aux plus petits, ce Bon Gros Géant est une œuvre étrange dans la filmographie de Spielberg. Loin d’être sa meilleure, on a l’impression qu’il a voulu raconter une histoire à sa manière pour ses petits-enfants. Papi reprendra un peu de viagra avant de tourner Ready Player One.
vincy
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