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Bande de filles
Quinzaine des réalisateurs - Ouverture
France
LES FILLES ÉLECTRIQUES
�- C’est vous, réveillez-vous ! Vous allez nulle part ! �
Il est évident qu’après Naissance des pieuvres et Tomboy, on en attendait peut-être un peu trop du nouveau film de Céline Sciamma, Bande de filles.
En restant dans le droit chemin de ses précédents films � l’évolution du corps, l’adolescence, trouver sa place dans la sociét� � avec une histoire radicalement différente, la cinéaste construit un morceau supplémentaire d’une œuvre singulière et passionnante.
Elle ne manque pas d’inspiration. Tout le prologue est construit comme un tour de force cinématographique : un match de football américain féminin, sur fond d musique pop rock électro, avec des images au ralenti � c’est magnétique � qui se poursuit avec un long travelling : les joueuses sont bruyantes, ensemble avant d’entrer dans leur Cit�, � l’ombre de garçons qui rodent. Elles deviennent silencieuses. Le groupe se dissout progressivement dans un murmure avant de se focaliser sur l’une d’entre elle, Marième, l’héroïne du film.
Car, avec Sciamma, être fille ne signifie pas être corvéable � la cuisine. Elles jouent aussi au foot sur la "playstation". C’est bien le problème de Marième, qui doit vivre dans un monde régit par des codes ultra-sexués.
La métamorphose de la jeune fille, sage soeur qui va sombrer, est découpée en chapitres (un écran noir les illustre � chaque fois). Un ét� dans le Cit�, aux Halles et � la Défense, o� même s’aimer est compliqu�. De "battle" en bastons (avec séance de maquillage avant, il faut rester glamour), la saison se déroule sous nos yeux. Marième veut � faire comme tout le monde �, passer en seconde générale. Mais son bas niveau scolaire l’exclut de cette voie d’intégration. Se sentant rejetée du système, elle va se laisser entraînée dans cette fameuse bande de filles : un trio, autrefois quatuor, cherchant une remplaçante. Elles sont aguicheuses, agressives, frimeuses, drôles, provocatrices, narcissiques, solidaires, égocentriques. Elles jugent � l’emporte-pièce, n’ont pas froid aux yeux, font les 400 coups (dans l’univers de La haine), quitte � flirter avec la délinquance, la fauche, les joints� Elles comblent l’ennui, s’embrouillent pour un rien. Elles sont dans leur monde, avec leurs propres codes. Ces filles essaient d’exister � leur manière, alors même qu’elles repoussent l’inéluctable : rentrer dans le rang. Leur leitmotiv est de faire ce qu’elles ont envie de faire. Sciamma s’est document� pour les rendre le plus crédible possible : ça se voit tant elles paraissent naturelle dans leurs rôles. Car elles jouent deux rôles : celui de leur personnage cinématographique, et celui que leur personnage joue pour exister. Strike a pose. Posture et imposture. Cette tribu de gynécée au royaume des baskets sont en quête d’une libert�, utopique, dont le prix sera très lourd pour certaines.
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Car dans leur réalit�, les dominants � grand frère, chef de gang, boss � sont ceux qui imposent leur loi, celle du plus fort. Une bagarre perdue, et c’est l’humiliation, propagée par le web. Perdre de sa superbe est plus rapide que de gagner le respect. Les apparences tout comme la réputation sont plus importantes que les actes. Côt� violence, les femmes n’ont rien � envier aux hommes. Pourtant tout le film démontre que l’égalit� des sexes n’est pas pour demain�
Marième va donc vivre cette initiation. Les amours, les amitiés, les galères. Se croyant grande, elle va le payer cher. Son émancipation � autrement dire quand elle va trouver une place puis s’imposer � sa place � est un leurre. Elle croit grandir, elle ne fait que s’exclure : école, famille, gang, � Son personnage est partag� en deux : celle qu’elle était et celle qu’elle devient. Elle réagit toujours en deux temps : soumise et docile, bien éduquée, un peu � l’écart, observatrice, et puis brusquement, agressive et dominatrice, elle se lâche, et peut même danser sur du Rihanna (l’autre très belle scène du film avec le prologue). � Solide et solitaire � en surface, elle n’en apparaît pas moins fragile et dépendante. Cela la conduira dans une lente descente aux enfers, o� elle va se perdre, se cacher, se renier (jusqu’à devenir un garçon manqu� pour un intégrer une bande de mecs). Les codes de l’apparence et la distinction des genres sont le diktat que dénonce au fil de ses films la réalisatrice, � juste titre.
Mais, compar� � ses deux précédents films, Céline Sciamma étire son film avec des scènes un peu longues, oubliant de nous charmer ou de nous bousculer, de nous émouvoir ou de nous surprendre. Hypnotisée par ses formidables comédiennes, elle en devient complaisante avec le drame : � vouloir s’éparpiller avec un trop grand nombre de personnages principaux et secondaires, � chercher le sens de chaque scène et la logique de l’ensemble, la narration perd sa tension potentielle et nous ballotte entre du déj� vu et l’envie d’être étonn�.
Coupée du monde, Marième fonce dans le mur de sa tragédie personnelle, impasse qu’elle a choisi en refusant un CAP au début du film. Ce pessimisme latent est accentu� par les réactions en chaîne durant les deux derniers chapitres du film : la petite sœur prend le même chemin, la grande sœur reprend les codes du grand frère, les schémas se reproduisent.
Bande de filles dresse alors un constat terrible sur la condition des femmes dans un milieu qui pourrait être considér� comme carcéral. La libert� n’existerait pas. Les pieuvres pleurent alors en silence, sans savoir o� se réfugier.
vincy
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