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Le géant égoïste (The Selfish Giant)
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
/ sortie le 18.12.2013
METAL HURLANT
Le Géant égoïste nous montre des foyers défavorisés où une mère n’a pas assez d’argent pour les factures et pas loin de là, un père qui revend un canapé pour acheter à manger. Les parents reçoivent des amendes à payer en cas d’absentéisme à répétition quand les enfants ne vont pas à l’école, mais quand ils y sont, des bagarres font qu’ils en sont renvoyés. Les adultes insistent pour qu’ils reçoivent une éducation pour s’en sortir, mais les enfants savent bien qu’il faut réussir à se faire de l’argent en récoltant tout ce qui peut être vendu, peu importe d’où ça vient. Le ferrailleur est autant intéressé par le poids des métaux dont il tire profit que par les gains que peut lui rapporter son cheval quand il fait des courses : Arbor est malin pour trouver des câbles tandis que Swifty est lui plus doué pour entraîner le cheval…
La réalisatrice Clio Barnard a un certain talent pour nous plonger dans cette chronique sociale - tout en la maintenant à distance. Car cette héritière de Ken Loach veut avant tout nous raconter une histoire d’amitié et de rivalité entre deux jeunes adolescents. Malgré le contexte difficile, ces décors sordides, le spectateur s'attachent rapidement à la personnalité des deux enfants et sont happés malgré eux. Ces deux jeunes acteurs Conner Chapman et Shaun Thomas ne semblent jamais jouer ni être dirigé. Le caméra est juste au bon endroit pour capter la vérité la plus juste. La mise en scène se fait discrète sans effet tape à l’œil mais elle n’en est pas moins recherchée et efficace pour taper au cœur : on en sort bouleversé.
Tout comme chez Andrea Arnold, il s’en dégage une intense affection, une empathie chimique. Le rebelle et son protecteur, le dur et le mou. La cinéaste et son duo de gamins qui veulent devenir des hommes (et en fait s'émanciper de l'école et s'affranchir des adultes), forment une triple révélation. Elle filme la jeunesse en marge comme un Van Sant sait le faire. Et n'oublie pas de suivre le fil de son histoire : la narration est précise, le montage rythmé. Tout circule naturellement, même les instants de contemplation, de doutes. Elle filme la laideur, les contrastes, les horreurs, la beauté qu'on peut trouver dans ces monstres qui défigurent les paysages, et puis l'humanité, l'amitié, leurs visages pas finis, leurs corps pas formés.Elle aime tout, autant le regard observateur, quasiment reporter sur cette région de l'Angleterre, que ces personnages fictifs entraînés dans leur tragédie. Il y a du naturalisme, de "l'animalisme", de l'humanisme. Et une morale qui ne déresponsabilise personne hormis l'homme. Le cheval apparaît alors comme la victime, le symbole, le rêve intouchable.
Au final, ce film est si généreux, qu'il semble géant, et vraiment pas égoïste.
Kristofy
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