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Ernest et Célestine
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 12.12.2012
SUCRERIE
«- Qui aurait l’idée de voler des dents ? »
Aussi délicieux que délicat, Ernest et Célestine est un petit joyaux autant qu’une gourmandise. Ce film d’animation pour enfants brille grâce à un scénario malicieux, des personnages attendrissants et un coup de crayon proche du croquis esquissé avec talent.
On aurait pu croire que les aventures de la petite souris agile et du gros ours imaginées par Gabrielle Vincent il y a plus de 30 ans paraissent désuètes. L’écrivain Daniel Pennac prouve qu’il n’en est rien et insère dans cet univers des petits éclats de moquerie à l’égard de notre société. Ce conte pastel en 2D traditionnelle s’avère virevoltant. Sa naïveté n’empêche aucun gag, certains dignes du meilleur cinéma muet, de produire son effet : faire rire les plus petits.
Le scénario est ingénieux malgré un postulat a priori très binaire les ours vivent sur terre, les souris dessous. Et quand ces deux mondes se rencontrent, cela créé avant tout une série de catastrophes. Pennac a toujours aimé décrire ses histoires les plus noires avec de l’humour. Ici la dérision ne manque pas. Les oursons perdent leurs dents, les souris passent pour en faire un trafic essentiel à leur survie. Il distille de l’ironie, de légers sarcasmes et une morale vaguement anti bourgeoise et défiant l’autorité, illustrée ici par une bande d’incapables ou de vaniteux.
Mais c’est évidemment l’entraide improbable entre cet Ernest qui préfère être artiste plutôt que juge et cette Célestine qui refuse d’être dentiste, bref deux parias de leur société, qui va relier les deux mondes dans un enchaînement de méfaits, de poursuites, et de panique. La peur de l’autre peut conduire à bien des bêtises. C’est amené finement. La petite souris, intrépide, émancipée, maligne, créative, se jette dans la gueule de l’Ours gentil, gourmand, mal léché par moments, musicien et clown dans l’âme : ils créent une amitié et une complicité « transgressive » et généreuse. Deux mal aimés qui se fichent du quand dira-t-on et des schémas dictés par la société. « Vous me reprochez de vivre avec un ours. Tout ça à cause de vos préjugés » lance-t-elle au Tribunal nous renvoyant ainsi une vérité bien sentie sur la liberté d’aimer qui on veut.
L’ensemble ne manque pas de jolies idées - drôles ou trépidantes -, de beaux effets de dessins, ni d’inspiration visuelle. Cette belle réussite animée se déguste comme un chamallow…
vincy
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