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The We and the I
Quinzaine des réalisateurs - Ouverture
USA
"Des trolls ?! C'est un anniversaire, pas un donjon !"
Michel Gondry a le chic pour surgir là où on ne l'attendait pas. Après la grosse machine du Frelon vert et avant l'adaptation attendue de l'Ecume des jours, il propose une œuvre à la limite de l'expérimentation qui se déroule dans un bus du Bronx. Construit en trois volets et quasiment filmé en temps réel, il suit tout un trajet entre l'arrêt où monte une troupe hétéroclite de lycéens et celui où les derniers descendent.
Dans la première partie, on fait connaissance avec les différents groupes présents, et notamment les grandes gueules qui s'amusent à brutaliser les autres voyageurs. Sans fard, Gondry montre une jeunesse agressive et sans gêne, prête à tout pour imposer sa loi ou arriver à ses fins, et qui la plupart du temps ne pense qu'à s'amuser aux dépends d'autrui. Sur le coup, certains échanges sont si bêtement méchant que c'en est affligeant. Moqueries envers le physique ou l'âge, agressions physiques, intimidation... tout semble permis.
Néanmoins, l'humour des dialogues souvent fleuris et l'absurdité des comportements tirent rapidement le film vers la comédie. D'autant que Gondry y ajoute une petite touche sociologique, voire psychologique, en faisant évoluer les rapports de force et les échanges au fur et à mesure que les passagers descendent. Le fameux "we" (nous) du titre se transforme peu à peu en "I" (je), laissant la place à des conversations plus personnelles et sincères. Tel lycéen qui avait vu ses avances repoussées sans ménagement sera finalement consolé, tel autre qui avait fait preuve de brutalité s'humanise... Comme en immersion dans ce microcosme fascinant, le spectateur comprend peu à peu quel en est le mode de fonctionnement.
Et finalement, c'est tout un mécanisme complexe de communication implicite et de relations humaines sincères que Gondry met au jour par la simple juxtaposition de saynètes (presque des sketches) qui suivent l'évolution du groupe en tant qu'entité avec sa vie propre, mais composée d'électrons libres. Alors que l'on avait commencé le film en riant, un peu effrayé par l'énergie mal canalisée des personnages, on le finit au bord des larmes, ému plus qu'on ne saurait dire par leurs histoires à la fois minuscules et universelles.
MpM
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