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Las horas del dia (Las horas del dia)

Quinzaine des réalisateurs - Compétition
Espagne / sortie le 10 mars 2004


ABEL, UN AMI QUI VOUS ENNUIE BIEN





"J'imagine pas ta mère se faire prendre"

Les gens normaux n'ont rien d'extraordinaire. Quand ils ne se révèlent pas être de véritables monstres. Pour son premier long métrage Jaime Rosales fait preuve d'une grande audace. De courage même. Pour cette histoire d'un assassin bien ordinaire, beaucoup auraient opté pour un film sanguinolent et des personnages à couteaux tirés. Rosales prend lui le spectateur à contre-pied. Pas question de présenter Abel comme un névrosé de plus. Pas dans l'immédiat. Abel est un charmant garçon. Un peu long à la détente. Peu bavard. Presque absent. Il gère les aléas de la vie avec un recul presque effrayant. L'absence de clients dans sa boutique, les gesticulations bruyantes de son meilleur ami n'y changent rien. Un seul mot d'ordre : pas de souci. Un brave type. Sans histoire
Jusqu'à la séquence du premier meurtre. La bête se réveille. Avec une violence inouïe. Le réalisateur balaye tout voyeurisme. Pas de mise en scène stylisée. La caméra reste en retrait. La musique, jusque-là absente, ne s'invite toujours pas. Rosales souligne admirablement l'horreur du moment. Par les seuls cris et gestes des protagonistes. Ceux de la victime pour survivre. Ceux d'Abel pour mettre fin au supplice. Supplice qui se prolonge. Simple mais osé.
C'est bien là le hic. Tout cela ne prend pas. On reste froid face à cette violence humaine. Les conversations inutiles des personnages, les situations soporifiques dont le film regorge ont fini par avoir raison de notre patience. Bien avant les meurtres, l'ennui s'est installé. Lorsque les pulsions d'Abel éclatent il est déjà trop tard. Certains pourraient croire qu'il s'agit là de pur "sensationnalisme". Même si les intentions du réalisateur sont toutes autres. Jaime Rosales tente bien d'étayer le profil psychologique de son héros. Il ne fait qu'accentuer le malaise. On est déja loin.
Reste un film original porté par un acteur hypnotique (Alex Brendemühl). Mais malgré un Prix de la Presse internationale au dernier Festival de Cannes, Las Horas del dia risque fort de tomber dans l'oubli. Tout comme on s'empresse d'éffacer de sa mémoire une mauvaise journée qui ne se décide pas à passer.

Jean-François



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