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Les bien-aimés
Sélection officielle - Fermeture
France / sortie le 24.08.2011
ON CONNAIT LA CHANSON (D'AMOUR)
"Mais t'es vraiment obligée de me raconter ce genre de choses, maman ?!"
Nouvelle variation sur le sentiment amoureux, Les bien aimés est une fresque colorée et légère sur les amours impossibles, atypiques et � sens unique. Ces passions réinventées par des amants qui ne parviennent pas � s'atteindre, ou qui au contraire ne sont pas capables de se séparer. Des amours parfois violentes et exclusives qui détruisent de l'intérieur ceux qui les éprouvent, mais qui constituent aussi leur moteur le plus puissant. Une œuvre romantique qui cache derrière une apparente insouciance son indescriptible mélancolie.
Malgr� sa longueur (2h15) et son ambition (courir sur quatre décennies), le film non seulement ne s'essouffle pas, mais offre quelques séquences magiques, o� sont convoquées � la fois la réalit� (Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni, mère et fille � l'écran comme dans la vie) et l'histoire du cinéma. Christophe Honor� profite en effet de la présence de Catherine Deneuve pour glisser des références � ses films passés : chez Jacques Demy ou Philippe Garel, dans Belle de jour... mais aussi � sa vie privée, avec le fantôme de Marcello Mastroianni. C'est comme un jeu de pistes o� le paratexte et le contexte comptent autant que le texte lui-même.
Comme sur ses précédents films, le réalisateur a également fait appel � son compositeur fétiche, Alex Beaupain, qui a compos� pour l'occasion des chansons douce-amères et rêveuses, désespérées et sublimes, qui apportent respiration et introspection au récit. Ces monologues intimistes livrent les émotions brutes des personnages d'une manière qui n'est jamais lyrique ou appuyée. Au contraire, la simplicit� domine dans l'écriture et dans les mélodies. Et lorsqu'un des passages musicaux se transforme en duo, comme la chanson des "filles légères" sur le quai de la gare, entre Catherine Deneuve et Chiara Mastroianni, cela donne de magnifiques moments de cinéma.
On perçoit également le passage du temps, symbolis� par le changement d'acteur pour incarner un même personnage (notamment Madeleine et Jaromil). Les époques défilent discrètement � l'écran � travers le choix des coiffures, du maquillage, des robes. Sans forcer le trait, pour laisser � l'ensemble un aspect atemporel. On sent plus les mutations de la sociét� � travers les préoccupations et l'état d'esprit des protagonistes. Madeleine est l'insouciance incarnée. L'imprudence ne lui fait pas peur. Véra est un pur produit de la fin du 20e siècle, incertaine et vulnérable, comme écrasée par un poids trop lourd pour elle. Les deux femmes sont merveilleusement incarnées par une Catherine Deneuve joliment frivole et une Chiara Mastroianni merveilleusement pétillante. Toutes deux passent facilement de la comédie au drame, toujours dignes, toujours sincères. Elles sont entourées par deux artistes � contre-emploi : Michel Delpech en mari bienveillant et protecteur, Milos Forman en amant plein de fantaisie. Tous s'amusent ensemble, jouant de leur image et de leur notoriét�, et multipliant les clins d'œil (par exemple, l'un des seuls qui ne chante pas, c'est Michel Delpech !)
Parce que chacun aspire au bonheur, parce que le chagrin d'amour et la quête de l'âme sœur sont universels, parce que le film foisonne de mille petits détails qui nous font nous reconnaître en lui, Les biens aimés s'impose d'emblée comme une œuvre générationnelle appelée � devenir une référence. A l'image des Chansons d'amour (un petit cran en-dessous tout de même), elle exhale le parfait parfum de romantisme et de spleen qui laisse glac� les cyniques, et bouleverse au-del� du raisonnable tous ceux qui ne savent pas vivre sans passion.
MpM
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