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Arirang
Certain Regard
Corée du Sud
PORTRAIT DE L'ARTISTE EN HOMME QUI DOUTE
"Je ne peux plus faire de film, alors je me filme moi."
Il y a trois ans, il y a eu un basculement dans la vie de Kim Ki-duk. Soudainement, lui qui était un réalisateur extrêmement productif (15 films en 13 années), s'est arrêt� de tourner. Il s'est coup� du monde et a commenc� s'interroger sur sa vie, sa carrière et sur le cinéma. Puis il a construit � partir de ces questionnements existentiels un objet cinématographique non identifi� qui mêle fiction, documentaire et autoportrait.
On y voit notamment le quotidien du cinéaste morcel� en dizaines de plans juxtaposés bout � bout jusqu'� former son reflet mouvant. Dans ces extraits, Kim Ki-duk mange, imite le chat, coupe du bois, ouvre la fermeture éclair de sa tente, cuisine... en un mot : vit. Puis, face caméra, il s'interpelle lui-même et se lance dans une très longue harangue o� il semble déballer tous les griefs qu'il a contre lui-même. Lorsqu'il a fini, un autre Kim Ki-duk, échevel� et hagard, lui répond. Il s'explique, chante, pleure, et se livre sans tabou.
C'est captivant, car il s'agit de l'un des plus importants cinéastes de notre époque qui dévoile la partie la plus intime de sa vie comme de son travail, mais aussi terriblement bouleversant. Peu importe le degr� de fiction que comporte le film (le cinéaste joue sans arrêt sur l'ambiguït� entre vérit� spontanée et reconstruction étudiée devant la caméra), il dresse un portrait édifiant de Kim Ki-duk bien sûr, mais surtout de l'Artiste absolu.
L'expérience est presque impossible � raconter tant les monologues du cinéaste foisonnent de détails, de symboles et de clefs pour comprendre toute son oeuvre. La sensibilit� � fleur de peau, il donne l'impression de se mettre � nu jusqu'aux tréfonds de l'âme. Si on arrive � le suivre sur les pentes escarpées o� le mènent ses pensées (et si l'on supporte son interprétation toute personnelle de la chanson coréenne "Arirang"), le film donne l'impression de toucher du doigt l'essence-même du cinéma.
MpM
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