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Pirates des Caraïbes : la Fontaine de Jouvence (Pirates of the Caribbean: On Stranger Tides)
Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 18.05.2011
BORING THE WAVES
«- Tu m’as volé. Je viens récupérer mon moi.»
Blockbuster dans toute sa splendeur – avec sa pesanteur artistique, ses moyens démesurés, son synopsis toc et son scénario ponctué tous les quarts d’heure de scènes d’action – Pirates des Caraïbes 4 nous fait sombrer dans les abysses de l’ennui. Si convenu, si prévisible. Dès les premiers plans, Rob Marshall fait preuve d’une absence de talent : on anticipe à l’avance les faits et gestes des protagonistes à cause de sa caméra peu maligne qui accentue la moindre situation, que ce soit l’identité du juge ou du faux Jack Sparrow ou les objets qui serviront à son évasion. Cette farce un peu grasse, surjouée par des comédiens qui n’ont pas peur du ridicule, avait un sujet en or : les problèmes de l’identité. Un héros efféminé, un pirate devenu corsaire officiel, une femme garçon manqué en quête de l’amour d’un père qui n’est peut-être pas son père… il y avait de quoi semer le trouble.
Mais le quatrième épisode de la saga voyage en eaux tranquilles. D’autant que l’histoire est un plagiat d’un autre blockbuster, autrement plus divertissant, Indiana Jones et la dernière croisade. Même objectif (une cure de jouvence éternelle), même objet (deux coupes au lieu d’une), même enjeu (sauver la personne qu’on déteste officiellement mais qu’on adore personnellement).
Le naufrage est évité grâce à des petits instants (Keith Reichards surgissant de nulle part), quelques séquences aventureuses astucieuses (quand elles sont bien filmées, ce qui est rarement le cas tant le réalisateur les bâcle), et le duo Johnny Depp / Penelope Cruz. Il fallait bien l’actrice espagnole pour répondre au charisme narcissique de la star américaine, qu’on puisse sentir une rivalité, une complicité et finalement un rapport d’égalité. Ils se partagent les meilleures répliques (« - Et toi que faisais-tu dans un couvent espagnol ? – je croyais que c’était une maison close.») et elle donne à son personnage des subtilités pas forcément requises pour un film de ce genre.
Passé cela, on a le droit à une série de métaphores graveleuses dignes d’un esprit adolescent, c’est-à-dire assez lourdingues, une absence totale de sexe (on est chez Disney, donc ça doit rester familial même si tout cela est très familier), et une romance cul-cul entre une jolie sirène et un missionnaire dont on a du mal à cerner la position.
Le film se découpe finalement autour de ses moments de bravoures : de longs chapitres sans grande signification, et avec des sensations déjà éprouvées. Une évasion, un duel à l’épée (Zorro !), une mutinerie, des garces de sirènes (qu’on devine plus qu’elles ne font peur), …
La croisière est une longue aventure où il manque de la tension dramatique. Trois équipages se disputent la Fontaine de Jouvence, et jamais on ne sent la compétition entre eux. Le film doit respecter son cahier des charges : la comédie. Or, là, seul Johnny Depp fait le boulot avec un humour un peu décalé. A force de déconner, il n’est pas étonnant qu’on ne soit pas en mesure de s’accrocher à notre siège devant des combats guignolesques.
Ajoutons pour foutre le tout en bouteille que la 3D est une véritable arnaque pour ce film. Aucun effet en relief ne vient s’inviter à bord.
Mais nous sommes lucides : le film va rapporter des centaines de millions de $ et Sparrow méritera sans doute l’éternité avec, en bonus, un cinquième épisode.
vincy
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