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Le complexe du castor (The Beaver)
Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 25.05.2011
CASTOR DRAMA
"Je te trouve magnifique et tu te trouves merdique."
Mettre en scène un dépressif suicidaire qui s'exprime à travers la marionnette d'un castor sans être ni ridicule, ni mièvre, n'est pas la moindre des réussites de Jodie Foster. En effet, avec ce récit doux amer, la jeune femme réalise un joli film sensible qui ose aller loin dans le domaine de la folie, sans pour autant donner dans le mélodrame.
Intelligemment construit, avec une véritable progression dramatique, et plusieurs rebondissements inattendus, il explore le déséquilibre mental dans ce qu'il a de moins spectaculaire : inertie, impossibilité de communiquer, manque absolu de perspective. En revanche, lorsqu'il bascule dans un registre plus violent, c'est sans complaisance, mais sans romantisme non plus. La dépression n'est pas une petite mélancolie passagère, c'est une maladie cruelle qui coupe des autres et de soi-même, jusqu'à l'irréparable.
Finement écrit, Le complexe du castor permet ainsi au spectateur de passer par de nombreuses émotions : empathie, inquiétude, rejet... Il est aussi plein d'un humour bienveillant, né de la cocasserie des situations. La voix-off injecte à la fois de la distance et de la légèreté, comme pour bien tirer le film vers la lumière. Cette absence de pathos repose également sur la prestation de Mel Gibson, qui semble véritablement déchiré entre deux personnalités.
Finalement, son personnage est si intéressant en lui-même que toute la partie de l'intrigue qui concerne son fils et leurs relations compliquées semble superflue. Sur ces séquences, le scénario redevient convenu, alignant sans imagination le triptyque sacrifice, pardon, rédemption. De manière un peu académique, Jodie Foster accompagne cet hommage à la cellule familiale (omniprésente dans son œuvre de cinéaste) par une mise en scène trop appuyée et une musique qui souligne au lieu de suggérer. Comme si elle voulait gommer la personnalité toute particulière de ce drôle de film à la fois léger et profond, mélancolique et optimiste, pour le ramener dans le rang d'une cinématographie plus formatée.
MpM
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