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Cleveland contre Wall Street
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
France / sortie le 18.08.2010
PRÉSUMÉS COUPABLES
«- On a faussé le marché.»
« Un procès de cinéma, mais dont l’histoire, les protagonistes et les témoignages sont bien réels. » Voilà ce que nous annonce le documentaire de Jean-Stéphane Bron. On cherche encore la dimension cinématographique de ce tribunal factice qui rappelle les concepts de Robert Hossein, l’interactivité du public en moins. Le petit écran est sans doute plus adapté à ce genre de format et limite ainsi la portée du propos. La démonstration est inattaquable (d’autant que la décision du jury prouve que la justice américaine n’a rien de juste) mais le manque de pédagogie et d’apartés expliquant à un citoyen non américain des termes économiques et financiers très techniques risque de ne pas combler les attentes des spectateurs intéressés par le sujet.
Mais le documentariste n’échoue pas à montrer une Amérique précarisée. Ces cols bleus, ces conservateurs, ces partisans d’une Amérique où la liberté reste le dogme principal, nous renvoient une mage d’un pays en désintégration. De même les rares plans d’une agglomération importantes comme Cleveland saisissent par l’abandon de la puissance publique. S’il n’y avait pas ces arbres, les quartiers seraient catalogués tiers-mondistes. Le bitume est fissuré, les pelouses usées, les maisons sans attraits voire condamnées.
Le parti-pris en faveur des déshérités de la Nation et du Marché trouve ainsi plus fort que soi : un avocat tout en rondeur, doté d’un sourire malin presque cynique, une toute puissance invisible, une idéologie conservatrice arrogante.
Cleveland vs Wall Street peut passionner lorsque le documentaire explique le fond de la pensée libérale (au sens économique du terme et non sens politique). Mais la réalisation empêche de nous captiver. Champs et contre-champs, bavard, technique à l’excès, tout cela ne suffit pas à apprendre autre chose que nous n’ayons déjà vu dans des longs reportages télévisés. Les deux plaidoiries finales et la délibération du jury paraissent trop succinctes pour amorcer un débat ou nous convaincre, ou même nous faire douter de nos certitudes. Et du coup, le film qui cherchait sans doute à secouer ce système qui ne marche pas échoue.
Reste la présence attachante de l’avocat Josh Cohen et de l’activiste Barbara Anderson qui continuent de se battre pour que Cleveland survive et se régénère. Avec le mince espoir qu’Obama tiendra ses promesses…
vincy
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