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The Housemaid
Sélection officielle - Compétition
/ sortie le 15.09.2010
JOUISSANCE D'UNE FEMME DE CHAMBRE
"Traiter les gens avec respect montre qu'on est supérieur""
Sur un sujet relativement banal (l'aventure éphémère d'un homme riche et puissant avec sa domestique), Im Sang-soo bâtit un film noir à la Polanski où le pire semble toujours sur le point d'arriver. Son intrigue (prévisible) est inspirée d'un classique des années 60 signé Kim Ki-young, d'où l'impression que certains aspects semblent légèrement surannés.
Par contre, le cynisme des classes dirigeantes, lui, reste intact. Im Sang-so s'amuse ainsi beaucoup de ce petit monde mesquin et artificiel où les "servants" ne sont pas ceux que l'on pourrait croire. La riche famille qui emploie la jeune gouvernante ne se rend en effet pas compte qu'elle ne fait qu'obéir aux règles de sa caste et se plier aux convenances. Dans ce microcosme, boire un verre de vin "avec la manière" ou faire beaucoup d'enfants répondent au même devoir. Bien sûr, ces lois sont si intégrées qu'elles semblent ne plus en être. Grave erreur, révélée par l'introduction de la jeune domestique, véritable bombe à retardement, justement parce qu'elle est totalement libérée de ce genre de contraintes.
On comprend alors pourquoi Im sang-so n'a pas essayé de mieux brouiller les pistes de son intrigue. Il lui fallait au contraire aller droit au but en étant le plus explicite possible pour créer ce sentiment d'inéluctabilité et de tragédie. Dès le départ, on sent que le choc est inévitable, et que les dommages auront lieu dans les deux camps, et c'est cette certitude qui apporte tout son sel au film. Cela permet aussi au réalisateur de filmer toute l'histoire comme un quasi huis clos devenant de plus en plus étouffant au fur et à mesure que l'étau se resserre autour des personnages. Ce sentiment d'inéluctabilité est renforcé par la mise en scène virtuose du Coréen qui fait preuve à chaque scène d'une rigueur narrative implacable.
Cela n'empêche pas une certain dérision (notamment dans les séquences sexuelles, où l'homme paraît jouir de sa propre puissance plus que d'autre chose, muscles saillants et corps écartelé), voire une vraie fantaisie esthétique avec effets spéciaux et incursion dans le fantastique. Paradoxalement, cela apporte une vraie légèreté au film en créant une distance onirique entre le réalisme (relatif) du propos et son traitement stylisé.
MpM
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