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Wall Street : L'argent ne dort jamais (Wall Street 2 - Wall Street : Money never sleeps)
Sélection officielle - Hors compétition
USA
LE MUR DES SPECULATIONS
« -Il n’y a que le dollar qui est vert. »
Ce qui frappe avant tout avec cette suite inattendue à Wall Street (1986), c’est la nature même du film. Certes, comme il y a 24 ans, Oliver Stone semble se régaler visuellement à démontrer la folie du système financier, et son propos forcément engagé sur la spéculation n’a rien perdu de sa vigueur. Le fond n’a pas changé. En revanche, Hollywood a évolué et un film d’auteur ne se fait plus comme avant : il faut y mettre des bons sentiments, y annexer une histoire d’amour et des relations familiales aussi tendues qu’inutiles. Autrement dit, Stone s’est compromis à un certain formatage, qui nuit fortement à l’ensemble.
Quel intérêt en effet à créer des dilemmes familiaux ou des petites trahisons amoureuses dans un scénario qui n’en avait pas besoin ? Faire exister les personnages ? Justifier le comportement des salauds, ou au contraire, valoriser ceux des candides ? En tout cas, dans ces parties là, si l’argent ne dort jamais, le mélo lui nous assoupit.
C’est d’autant plus regrettable que la machinerie spéculative, et la cruauté des monstres qui la dirige, suffisait en soi. Le scénario est habile et déroule son machiavélisme en trois actes : la dévastation et le deuil, la vengeance et la défaite, la revanche et la rédemption. L’éthique et l’écologie ajoutent une tonalité qui rend la suite plus contemporaine. Car, en vingt ans, le monde a été transformé : Internet, mondialisation, risque déresponsabilisé… et surtout une génération à venir sacrifiée, sans revenus, sans jobs, sans épargne.
Même s’il n’évite pas les poncifs sur la spéculation, comparée à un cancer, Stone est un professeur d’économie habile et n’oublie aucun des ingrédients qui ont causé le krach de 2008. Il s’amuse même, avec quelques situations, de bonnes répliques, à insérer de l’humour dans ce monde de brutes, et n’hésite pas à se moquer de cette société vulgaire et sans idéologie. Cependant, le cinéaste peut briller avec des effets de caméras et des allégories distrayantes et rater un plan avec un impair lourdingue et trop appuyé. Sa mise en scène efficace trouve sa limite avec un moralisme et une compassion qui ne lui vont pas. Moins cynique que le premier épisode, le film aboutit finalement à un constat pessimiste. Comme une résignation. Attendre l’explosion de la prochaine bulle dans South Manhattan comme on attend le grand tremblement de terre en Californie.
Le casting joue sa partition d’égos démesurés à la perfection. Mais Josh Brolin, subtil mégalo, sort du lot. Et surtout nous n’avons d’yeux que pour le « come-back » de Michael Douglas, qui vole le show, ne le voyant jamais venir, et nous manipulant comme jamais. Méfiez vous de l’ogre qui dort…
V
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