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L'épine dans le coeur

Sélection officielle - Séances spéciales
France / sortie le 21.04.2010


TATIE SUZETTE





"Elle était d'avant-garde, Suzette !"

On l'apprend dans le dossier de presse, Suzette Gondry est moyennement satisfaite du portrait qu'a fait d'elle son neveu, Michel Gondry, dans cet étonnant documentaire au titre évocateur. Elle pense qu’il n’a pas exploré la "strate" de sa joie de vivre. Et c'est vrai qu'il y a beaucoup de mélancolie, voire de nostalgie, dans ce qui transparaît au final de l'institutrice au regard pourtant lumineux.

Probablement parce que Michel Gondry mélange les genres, passant avec une certaine confusion du privé au public. Or si Suzette a eu beaucoup de satisfactions professionnelles (elle en parle avec enthousiasme et ferveur), sa vie familiale n'a pas toujours été simple. Son fils, notamment, reste pour elle une "épine dans le cœur" et le réalisateur revient à plusieurs reprises sur cette blessure, aussi bien auprès de Suzette que du fils lui-même, Jean-Yves. En tant que spectateur, on est presque gêné par cette intrusion, surtout lorsque les larmes perlent dans les yeux de la vieille dame. Le réalisateur ne semble d’ailleurs pas très à l’aise dans son rôle d’intervieweur, d’où sans doute sa maladresse.

Il n’est pas facile de trouver la bonne distance lorsque l’on filme quelqu’un que l’on admire. Il y a ainsi beaucoup de tendresse et de complicité dans le regard de Michel Gondry (notamment dans la séquence d’ouverture, un fou rire communicatif, ou lorsqu’il s’amuse à reconstituer une scène cocasse mettant en scène son cousin), mais peut-être pas assez de sens critique. Son propos est en effet très ténu, reposant en grande partie sur des non-dits qui laissent un peu le spectateur à l’écart, peinant parfois à suivre le fil du récit ou à comprendre qui est qui.

L’épine dans le cœur, dans le fond, n’est pas tant un portrait de femme qu’une évocation fugitive comportant plusieurs lectures. Il y a bien sûr les différentes facettes de Suzette, enseignante passionnée, mère déçue, tante aimante, mais aussi une réflexion sur la difficulté des rapports familiaux et l’impossibilité de les appréhender vraiment, propos universel s’il en est. Pourtant, aussi touché qu’on puisse être, on reste un peu sur sa faim.

MpM



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