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Humpday
Quinzaine des réalisateurs - Compétition
USA / sortie le 16.09.2009
GAY FRIEND (AU) LIT
"Baiser : oui ; parler : non ?"
Humpday est une comédie indépendante américaine sympathique et décontractée pourtant incapable de s'extraire des défauts typiques du genre : une once de superficialité scénaristique et surtout un bavardage incessant heureusement compensé par la rythmique et l'humour des dialogues.
Du coup, malgré un point de départ novateur et provocant (transformer deux garçons hétéros en "harders" gays), Humpday est loin d'exploiter le potentiel à la fois comique et introspectif de son sujet. Comme ses personnages, la réalisatrice reste en effet à la surface des choses, au niveau de la pochade, quand elle aurait pu approfondir son propos par une réflexion sur le désir, l'attirance sexuelle et l'identité construite ou refoulée. En partie à cause de cela, et malgré une piste réellement intéressante amenée en cours de récit, l'enjeu du film ne parvient jamais à dépasser le stade du défi viril et un peu stupide.
Et lorsque le moment tant attendu arrive (celui du "tournage"), les deux protagonistes ne pensent que gestes mécaniques et passage à l'acte devant la caméra, évacuant complètement toute notion de tendresse, d'attirance ou de séduction. Immanquablement, ils tuent le désir dans l'oeuf au lieu d'essayer de le susciter. A leur place et dans ces conditions de "performances à tout prix", personne (homo comme hétéro) ne pourrait y arriver.
Curieusement, d'un point de vue purement psychologique, ce sont les scènes entre Ben et sa femme qui sont les plus réussies. D'abord prise de court, la jeune femme gère avec énormément de finesse et d'intelligence la crise existentielle de son mari. Il faut reconnaître que le trouble de ce trentenaire rangé est compréhensible : au moment de voir sa vie basculer définitivement (en devenant père de famille), il retrouve son meilleur ami qui, lui, vit comme un éternel adolescent, ce qui l'amène à s'interroger sur ses choix de vie. Son épouse accepte donc cette remise en questions comme part normale du processus de maturité. Malheureusement, le film ne va guère plus loin sur le sujet…
On pourrait même regretter qu'au final, le modèle "dominant" donne l'impression de l'emporter, mais le fait est que Humpday n'a pas vraiment été conçu comme un film à thèse. Tous les efforts pour en tirer un message édifiant resteront donc vains. On se fera d'autant plus facilement une raison que, dans le genre "comédie-sympa-pour-la-rentrée", il fonctionne plutôt bien.
MpM
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