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Hotel Woodstock (Taking Woodstock)
Sélection officielle - Compétition
USA / sortie le 09.09.2009
LET’S GO GET STONED
�- Venez chez moi déguster un bon chocolat au lait.�
Quand on sort de Taking Woodstock, on se sent flotter, joyeux, l’envie de faire la fête vous prend et pourquoi embrasser votre voisin(e). Ang Lee a réalis� un parfait � feel-good movie �. De ceux qui vous donne la pêche.
Avec cette comédie qui reflète l’esprit Woodstock, le cinéaste américano-taïwanais réalise une sorte de � prequel � � The Ice Storm. Autant ce dernier était dramatique et sombre, autant Taking Woodstock est léger et lumineux. Malgr� la guerre qui hante tout le monde � et surtout le soldat jou� par Emile Hirsch, complètement azimut� � le film reste dans ce ton � flower power �, o� le naturisme, les drogues, la révolution sexuelle sont rois. Tout ce qui conduira � la gueule de bois décrite dans Ice Storm.
De cette chronique douce-amère sur le making-of du festival de Rock, Ang Lee parvient � raconter l’histoire d’un apprentissage, une forme d’initiation tribale, o� le héros est un fils trop sage, la mèche trop bien coiffée, juif (l’emprise de la mère) et gay (il écoute du Judy Garland) � la fois. Mention spécial au gauche et candide Demetri Martin. Taking Woodstock c’est finalement un manuel en quelques leçons pour apprendre � couper le cordon ombilical. On rejoint ici Garçon d’honneur, avec tout ce que cela suppose de pression familiale, de rébellion aux conventions, les relations père et fils.
Car nous ne sommes pas dans un documentaire : Woodstock n’est qu’un décor. Pas de plans sur la scène, aucun artiste invit�. Lee filme les spectateurs, ceux qui l’ont conçu comme ceux qui l’ont vécu. Et les personnages sont pittoresques, � commencer par Liev Schreiber en garde du corps travestie blonde ou la dragonne radine Imelda Staunton. De quoi rendre loufoque certaines situations. Il y a toujours le petit détail qui fait rire ou sourire. Jusqu’au délire boueux tant attendu. L’écriture fine et juste de James Schamus et la mise en scène alerte et ludique de Ang Lee provoquent des étincelles.
�- Tu vas planer ! � J’ai peur du vide ! �
Woodstock, � ce truc �, sert ainsi de catalyseur libérateur. Dans cette Amérique conservatrice, antisémite, anti-hippie, dépassée par la jeune génération, le festival intervient comme un immense blanc-seing � toutes les libertés. Il révèle des frustrations cachées et réveiller des gens abattus par leur routine et leurs préjugés. Le cinéaste éprouve un vrai plaisir � se moquer d’une Amérique profonde, qui n’accepte que les dollars, cash, et � l’avance, et refuse de voir en l’étranger autre chose qu’un porte-monnaie. Mais le film va dynamiter cette communaut� assoupie et le contact de l’Autre va permettre de faire le bout de chemin nécessaire pour apprendre � se connaître. � Je suis qui je suis, ça facilite les choses �.
Tout l’enjeu du film est l� : exister. Fuir ce bled ou sa famille ou revenir au Vietnam, ou vivre sa vie. Peu importe tant qu’on n’est pas mort. Cet After Hours champêtre est � l’image du baiser fougueux d’Elliot sur la piste de danse, anticonformiste et imprévisible.
La magie du cinéma, finalement, c’est de nous laisser avec un sentiment, une émotion réelle avec une histoire fictive. Taking Woodstock réussit en plus � nous remettre dans le bain d’une époque révolue, o� tout était possible, tout était moins sérieux qu’aujourd’hui. Ce voyage dans le temps s’avère être un voyage, tout court. De ceux qui vous transportent, mieux que n’importe quelle pilule hallucinogène.
vincy
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