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Entretien avec le réalisateur Pablo Fendrik
Le site du film

 

L'assaillant (El asaltante)

Semaine critique - Séances spéciales
/ sortie le 08.10.2008


FUITE EN AVANT





"Tu sais à quoi ça sert un silencieux ?"

Pablo Fendrik aime les basculements, les passages à l’acte. Ces moments de la vie où l’apparence se fissure pour laisser place à quelque chose de plus authentique, mais aussi de plus inavouable. Dans de son premier long métrage, L’assaillant, il s’intéresse à une parenthèse dans la vie d’un homme apparemment bien sous tous rapports (et dont on ne saura pas grand-chose) pendant laquelle il devient un criminel froid et calculateur. Impassible, à la limite de la cruauté, son personnage découvre l’immense pouvoir de la peur que l’on suscite chez les autres. Un pouvoir si jouissif et absolu qu’il est tenté un instant de dévier de la ligne qu’il s’est fixée pour en profiter plus longuement.

Le spectateur, lui, est avec cet homme. Littéralement. Il le suit pas à pas, voyant à l’écran son dos ou sa nuque, comme s’il était juste derrière lui, partageant la tension de l’attente, l’adrénaline de l’action, et l’angoisse qui arrive après coup, presque incontrôlable. On sent ici rejaillir l’urgence du tournage sur la manière dont le film est monté, constitué de nombreux plans séquences suivant caméra à l’épaule le personnage principal. Si bien que de témoin passif, on devient observateur privilégié, presque sujet actif, percevant la moindre nuance dans l’état d’esprit du personnage, le plus petit signe de dérapage ou au contraire de soulagement.

Le film, volontairement conçu comme un exercice de style épuré, témoigne en effet d’une grande maîtrise du langage cinématographique. Malgré l’improvisation et le manque de moyens, il exprime avec justesse non seulement l’intériorité de son personnage, mais également le contexte social dans lequel se déroule l’histoire, et qui apporte une dimension supplémentaire à l’intrigue. Bien sûr, celle-ci demeure très ténue, plus en forme d’errance ou de fuite en avant que de véritable récit dramatique, mais elle impressionne par son énergie, cette soif de création qui a présidé au tournage et donne au résultat final une urgence et une virtuosité exemplaires.

MpM



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