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Valse avec Bashir
Sélection officielle - Compétition
Israel
FAITES LA ZIK PAS LA GUERRE
« - Il suffit d’appuyer sur la gâchette pour anéantir des étrangers. »
La Valse avec Bashir est ponctuée de plein de bonnes intentions. Ce film d’animation, entre documentaire et psychanalyse introspective, reportage et autobiographie, alterne des moments captivants et des tunnels ennuyants. La narration du genre documentaire, mettant la parole au cœur de l’image pour ne pas dire vampirisant l’image, colle mal à un film d’animation. De même la qualité artistique est inégale. Dans les séquences d’action et de vitesse, les mouvements sont synchrones. La fluidité est beaucoup plus cassée dans les scènes à vitesse normale ou lente. Valse hésitante entre le spectaculaire et l’intimiste, on se retrouve un peu en déséquilibre au dessu sd’un fossé vertigineux…
Mais, une fois que nous esquivons ces défauts, séduits par une musique endiablée, des souvenirs « eighties » nostalgiques et quelques moments de dérision flagrants – on reste ébahis devant l’audace de Folman exhibant un extrait porno animé avec plombier gras, doberman et dialogues aussi graveleux que stupides – cette Valse nous emporte dans son tourbillon infernal.
Le scénario riche, le foisonnement des décors, quelques scènes pleines de grâce nous font suivre ce reportage sur un massacre si loin et si proche. Un homme est confronté des hallucinations qui le renvoient à son passé, enfoui, oublié, effrayant. Au fur et à mesure de son retour vers le passé, de cette enquête l’amenant au plus près de l’horreur, de son Jugement dernier, de sa culpabilité impardonnable, il dénonce l’absurdité de la guerre, le gâchis mental sur ces jeunes hommes, la capacité à suivre des ordres et détruire des vies, tout en se reniant. Mais Folman veut aller plus loin en voulant créer deux parallèles. La faute de Qri devient celle de son pays, collectivisant ainsi sa responsabilité personnelle même infime. Surtout il renvoie dos à dos, à égalité, la Shoah avec le massacre de Sabra et Chatila. Cette double confusion n’aide pas le film. Peu importe le point de vue moral, le raccourci s’avère trop facile pour être aussi honnête que devrait l’être un documentaire. En personnalisant à l’extrême son script, il fictionnalise trop ce qui aurait du être de l’Histoire. Là où Persépolis réussissait la synthèse entre un portrait politique d’un pays et de ses conflits et un destin individuel cherchant à comprendre son parcours et ses failles, La Valse avec Bashir est trop affectée par son trauma pour dissocier « froidement » et avec la distance nécessaire le cauchemar de la réalité, le présent du passé. Autant, le spectateur lambda pouvait comprendre tous les chemins tortueux des régimes despotiques iraniens dans le film de Satrapi et Paronnaud, autant ici, le néophyte ne comprendra pas grand-chose aux manigances du gouvernement israélien. Hormis peut-être qu’Ariel Sharon prenait des petits déjeuners pantagruéliques…
Nous sentons bien que cette Valse est une affaire personnelle, une sale balafre sur le visage d’Israël. On voit bien que cette guerre du Liban, récemment traitée dans Beaufort, pose un problème déontologique à un pays construit autour d’un peuple dévasté. Le film démontre très bien l’impact de ces conflits sur des hommes désormais détruits. Il est moins maîtrisé quand il s’agit de pointer les responsabilités. En concluant sur de véritables images d’actualité, avec des survivants hurlant leurs souffrances, il nous ramène à toute une série d’images maintes fois vues dans les journaux télévisés. L’animation a-t-elle cette limite de ne pas pouvoir montrer une réalité, une vérité ? En n’allant pas jusqu’au bout de son défi, Folman n’est pas parvenu à faire le lien entre la mémoire douloureuse et la sérénité retrouvée. La paix intérieure serait-elle donc impossible ?
vincy
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