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Indiana Jones et le Royaume du crâne de cristal (Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull)
Sélection officielle - Hors compétition
USA / sortie le 21.05.2008
LA QUATRIEME DIMENSION
«Si vous voulez devenir archéologue, sortez de la bibliothèque. »
« Je veux savoir » clame la parfaite Cate Blanchett, au service de Staline. C’est son Graal : le savoir. Mais si vous voulez ne rien savoir avant d’aller voir ce film, n’e lisez pas cette critique au-delà du deuxième paragraphe. Parfois être ignorant rend plus heureux.
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Cette nouvelle croisade est sous le signe du retour. Le mot est dans toutes les langues gravés sur les murs d’une salle d’un sanatorium. Question de salubrité cinématographique ? En tout cas Steven Spielberg s’est fait plaisir, et nous le rend bien ! On craignait que le cinéaste désormais oscarisé soit un peu vermoulu pour réaliser un divertissement à la hauteur des récents bons blockbuster (la trilogie Spider-Man ou Jason Bourne). Les Jurassic Park ont méchamment vieilli faute d’un script à la hauteur et La guerre des mondes souffrait d’un final raté et d’un manque total de dérision. Indiana Jones 4 est doté d’un script aussi excessif que jouissif, ludique et cinétique. Avec son montage frénétique et maîtrisé, sa direction artistique nostalgique, cet opus créé les conditions idéales pour un divertissement intense et spectaculaire.
A cela s’ajoute nos doutes sur le désir de Spielberg. Or cette envie est bien intacte. En voyant les références et les citations, il a même cherché à réunir en un seul film ses inspirations et sa propre filmographie. Tarzan, Tintin, L’homme de Rio, A la poursuite du Diamant vert, Marlon Brando dans L’équipée sauvage et une séquence typiquement « james bondienne » s’invitent dans le décor. De même il nous rappelle discrètement qu’il a été l’auteur de Duel et Rencontres du troisième type. Enfin il offre quelques clins d’œil aux aventures précédentes : un coin d’arche perdue, un temple maudit inhospitalier, une photo de son père (le Graal ne donne pas l’éternité). Et Karen Allen, un peu grossie, beaucoup plus enjouée, et bienvenue pour nous ramener en arrière, faire le lien avec ce héros créé il y a près de trente ans. Encore une histoire de retour. A l’image, c’est encore plus sobre.
L’apparition du docteur Jones se fait en trois temps. Le stetson, à terre. L’ombre d’un homme ramassant le chapeau et le mettant sur sa tête, la musique de John Williams légèrement crescendo et un homme livrant son profil de trois quart…
El Dorado du 7e Art
Parallèlement, Indiana Jones et le Royaume du crane de cristal évolue de manière autonome. Déjà parce qu’il change d’époque. Entre la parano des « rouges » (« Russians ! » comme il disait « Nazis ! ») et le fantasme des petits hommes verts, entre Converse et Elvis, Indiana Jones a vu son monde changer avec le progrès et l’ère atomique. Et comme ici (c’est marqué sur le panneau), l’usage de la force est autorisé, l’action ne manquera pas : fourmis cannibales, poursuites dans la jungle, flèches empoisonnées, kalachnikov, sables mouvants… Sans parler des trahisons.
Car Jones est toujours aussi maladroit et un tantinet naïf. Bref il a toujours ce petit train de retard, cette pointe d’humour qui le rend affectueusement attachant.
Rien ne traine : dans le premier quart d’heure on a déjà eu le droit à notre lot de rebondissements et de tentatives vaines de se sortir d’un pétrin toujours plus complexe. De Roswell à Nazca, des mayas aux cités d’or, le script mélange allègrement les civilisations méso-américaines et les croyances populaires de ses cinquante dernières années. Le réalisateur en profite pour régler ses comptes avec cette période de propagande et de censure, avec cette guerre froide (agents doubles, « MI6 » et « OSS »). Pour ce qui est de l’aspect cartoon de la série, il a fait appel à la science fiction qui alimentait les séries B de l’époque, et notamment extra-terrestres et paranormal. Les méchants Russes (de vrais salauds : ils « déforestent » même l’Amazonie) et les peuples amérindiens feront le reste pour lui barrer la route et nous faire marrer. Car les morceaux de bravoure, croisés à ceux d’humour, ne manquent pas. Il y a quelques trouvailles géniales et une inventivité au service du suspens. On rentre dans une nouvelle dimension, aussi démentielle et irréelle que cette Arche ou ce Graal autrefois recherchés. Et comme le dit Jones : « C’est juste une histoire ».
Et comme de sales enfants gâtés qui refusons de nous endormir : on en veut une autre !
vincy
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