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Qui a tué Bambi ?
Sélection officielle - Hors compétition
France
FAN DE FAONS
Au moins sous anesthésie, ils se tiennent tranquilles !!
Pour son premier film, Gilles Marchand n’a pas lésiné sur les faux semblants. Il situe l’action de son récit dans un hôpital aseptisé, lieu particulièrement propice à engendrer malaises, phobies voire terreurs diverses. Il lâche ensuite dans le décor, un service entier d’infirmières et de patientes vulnérables ainsi qu’un toubib des plus inquiétants qui a tendance à reluquer la gente féminine d’un œil torve. Bref les ingrédients classiques du thriller habituel. Et bien pas du tout, le cinéaste nourrit en fait d’autres desseins. Atmosphère chloroformée, le suspense n’aura pas lieu, le coupable tombe le masque très tôt (un peu comme dans Colombo) et l’intérêt se retranchera alors dans l’attente du moment où la jeune héroïne, qui a découvert le pot aux roses, parviendra à gagner la considération de son entourage professionnel. Ca prend du temps, elle n’est que stagiaire…
Le metteur en scène délaye la sauce. Sa motivation réside essentiellement dans une tentative de renouer avec les contes populaires, en recyclant approximativement la bonne vieille histoire du petit Chaperon Rouge et du vilain méchant loup, version freudienne renforcée (inconscient révélé au « que oui que non »). Malheureusement il ne mise pas sur le bon cheval - du moins celui qu’il enfourche mériterait un sérieux changement de fers - car si le magnétisme du ténébreux médecin est assez bien rendu par le talentueux Laurent Lucas, la relation ambiguë qu’il noue avec le personnage de Sophie Quinton, révélation du film, reste à l’état larvaire, n’évolue jamais vers des territoires vraiment glissants. Conformiste à la limite. Le final onirique suggère un vague ersatz lynchien mal digéré, difficile décidément de conserver les bonnes apparences.
Gilles Marchand fait pourtant preuve d’un remarquable talent dans ses choix artistiques. Dépassant la paresse d’un réalisme visuel, il compose un espace hospitalier singulier, doté d’une esthétique à la fois clinique et surnaturelle du plus bel effet. Le tout est nappé d’une bande son en totale adéquation avec l’ensemble des directions artistiques et des partis pris narratifs. L’ambiance est là donc, marquante. Il y a simplement au bout du compte ce complexe persistant et un peu navrant qu’ont beaucoup de cinéastes français à se confronter au cinéma de genre avec simplicité et efficassité. Incapables de se coltiner à l’exercice frontalement, tout argument intellectualisant semble devoir se justifier pour entretenir une respectabilité auteurisante.
Il n’empêche, Qui a tué Bambi reste suffisamment ambitieux pour lancer le pari que le prochain film de ce nouveau talent suscite un véritable enthousiasme.
(PETSSSsss)
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