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Train de nuit (Ye che) (Ye che)
Certain Regard
/ sortie le 23.01.2008
AMOUR BARRE
Contrairement à Voiture de luxe l’an dernier, Train de nuit se perd en route. Si le premier, film chinois parmi les plus marquants de ces dernières années, évoquait harmonieusement le discours sociétal et le cinéma noir, le second s’égare à ne pas savoir relier le regard politique et la dimension passionnelle. Cependant, cette errance personnelle touche profondément et ne laisse pas insensible. Le film ne manque pas d’intensité, se reposant sur des silences et non dits, tout en se complaisant dans une lenteur des séquences parfois un peu agaçantes. Car ce portrait d’une femme chinoise, opprimée par sa solitude, épiée par ses voisins, témoins des atrocités du système condamnant à mort les crimes passionnelles, les femmes amoureuses aurait pu nous captiver de bout en bout. La tristesse du personnage rejoint celle des paysages et des situations, comme ces bals où les célibataires se rencontrent pour tenter de former des couples. Lorsqu’elle tombe amoureuse d’un homme tout aussi seul, pour ne pas dire isolé, les sentiments refoulés semblent perdre raison et vont la conduire jusqu’à mettre en danger sa propre identité.
Certes, il n’y a aucune dramaturgie, hélas, et parfois le film semble dénué de sens, transformant presque ses personnages en spectres d’un espace désolé. L’allure trompeuse d’un thriller abstrait et parfois confus nous détourne du sujet essentiel : une société chinoise écrasante, niant l’individu, oubliant les palpitations qui font que la respiration des uns n’est pas celle des autres. Ces marginaux qui en savent même plus communiquer (échanger ?), qui semblent pestiférés par les opinions ancrées dans les traditions et un système emprisonné dans ses principes tyranniques, en viennent à une sauvagerie, c’est à dire une liaison irrationnelle. Le désert des sentiments les rend hagards au fin fond d’une Chine qui oublie l’humain et sa culture au profit des ces constructions monumentales et utilitaristes comme les barrages. Il n’y a aucune place pour l’amour. Il y a aussi trop de place pour l’attente. Malgré son caractère fascinant et intriguant, Train de nuit ne sort pas de son tunnel – constat pessimiste irrévocable ? Cette somme de toutes les solitudes montre justement l’impossibilité à s’épanouir dans un cadre obscurantiste. Mais, trop austère, pour ne pas dire rigoureux, le film, un peu ennuyeux, ne renvoie aucune lumière.
v.
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