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Les méduses

Semaine critique - Films en sélection
Israël / France


LE CADEAU DE LA MEDUSE
"On est tous de la deuxième génération de quelque chose."
Comme la mer cache des méduses magnifiques mais toxiques, l'existence humaine est riche en faux-semblants qui, parfois, débouchent sur quelque chose de meilleur ou de plus beau. Tout est dans ce "quelque chose" ténu qu'Etgar Keret et Shira Geffen saisissent à la volée dans la vie de leurs personnages. Ceux-ci ont en commun d'être désarçonnés plus que perdus, mélancoliques plus que désespérés, et de réagir avec une force de caractère et un humour qui tirent instantanément l'intrigue vers la lumière et la douceur. Dans ce film choral qui a l'intelligence de ne pas réunir artificiellement ses protagonistes, le drame ne surgit pas au coin de la rue, pas plus que le happy end n'attend son heure. Plus subtilement, plus étrangement, le passé jaillit de la mer sous la forme d'une petite fille muette tandis que de vieux films de vacances apportent un apaisement inattendu.
Les réalisateurs font preuve d'une tendresse infinie pour ces êtres en errance et s'ils les confrontent aux chocs émotionnels nécessaires pour leur permettre de se recentrer sur leur propre vie, c'est toujours avec humanité et grâce, mais une grâce un peu teintée d'absurdité. Ainsi, tout prend l'eau chez Batya, et c'est au bord de la mer qu'elle trouvera la réponse à ses questions. Keren et son mari pensent que leur mal-être vient des mauvaises odeurs ou du bruit dans leur chambre d'hôtel et en changent continuellement sans se sentir mieux pour autant. Joy ne parle pas hébreu, et réconcilie pourtant une mère et une fille qui ne communiquaient plus. On est dans la petite touche subtile et le non–dit, l'émotion infime qui enfle jusqu'à devenir un torrent, jusqu'à tout renverser sur son passage.
Ces micro-événements du quotidien ne tournent jamais comme on le pense et n'offrent au final ni morale ni message, si ce n'est que les caprices changeants de la vie sont à l'œuvre. Personne n'échappe à l'ironie du sort qui veut que les cartes soient redistribuées au hasard après chaque tour d'enchères, chacun devant faire avec celles qui lui échoient. C'est un jeu grandeur réelle, une partie incessante où l'on joue son bonheur à pile ou face. On peut perdre tous les soirs, mais qu'importe, puisque le lendemain, la chance sera peut-être au rendez-vous.
MpM

 

 
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