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Souffle (Soom)
Sélection officielle - Compétition
BUEE DE SAUVETAGE
«- Je te trompe mais je fais tourner la maison.»
Le cinéma de Kim Ki-duk se fonde sur des histoires courtes et simples, presque muettes et économes, symboliques et conceptuelles. On adhère ou pas, selon le charme que peuvent opérer les divagations de son auteur, inspiré plus ou moins par une forme de grâce. Il aime briser les tabous, frôler la transgression. Ses films tentent toujours de faire le tour de leur sujet. Ici le souffle se décline en buée sur une vitre, en baiser en apnée, en toux irritée, en air chaud qui rencontre le froid, … C’est un bol d’oxygène métaphorique pour ce duo improbable : la femme mariée et le condamné à mort, chacun dans « leur » prison, le foyer et la cellule.
Le cinéaste coréen aime le concept et encore plus la répétition. Chaque scène est une variante de la précédente, mais ne se clone pas de manière exacte. Il y a toujours une nouvelle donnée, un nouvel ingrédient qui en change la teneur : les saisons défilent, mais changent, les chemises tombent du balcon mais n’ont pas le même destin, les photos disparaissent mais n’ont pas le même but.
Là encore le sexe et le crime se mélangent. Comme si ces deux pulsions renvoyaient naturellement à notre animalité enfouie par la civilisation. Dans ce film, comme dans pas mal d’autres, les personnages explorent même leur face bestiale. Là aussi la sexualité est trouble, mystérieuse. Le film débute même sur une suggestion homosexuelle pour finir par une forme de viol où la femme domine. La caméra est d’ailleurs voyeuriste, toujours placée derrière des vitres, des écrans, des barreaux, des fenêtres, en caméra cachée ou subjective. On peut aussi apprécier les contrastes entre l’appartement design, sage et bourgeois, la cellule spartiate et le parloir toujours kitsch et ultra coloré. Kim Ki Duk explique que la vie ce n’est jamais que le défilement des saisons que l’on ressent et apprécie, et une suite de moments vécus dont on parle, avec plus ou moins de nostalgie. Joie et souffrance sont au menu d’un drame léger et trop superficiel pour nous happer. Les comédiens incarnent justement leurs personnages au bord d’imploser. Mais le spectateur ne se sent pas assez impliqué par cette passion dévorante pour se laisser manger.
Il restera malgré tout l’idée d’un poème plus réaliste qu’onirique où la jalousie est à l’origine de tous les maux : celle de la femme, celle du mari, celle de l’amant putatif et celle, peut être la moins visible mais sûrement la plus dangereuse, du co-détenu amoureux. Le rejet, la solitude : toujours cette histoire de bannissement qui revient durant ce festival...
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