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Boulevard de la mort (Death Proof) - un film Grind House
Sélection officielle - Compétition
USA / sortie le 06.06.2007
A TOMBEAU OUVERT
"- Tu ne seras même pas mouillée, promis.
- Peu de mecs s’en vanteraient…"
On connaît la cinéphilie de Quentin Tarantino ainsi que ses capacités de recyclage, largement mises à contribution dans ses précédents longs métrages. On n’est donc pas étonné de le voir cette fois-ci s’attaquer au slasher movie, une catégorie particulière de film d’horreur mettant en scène les meurtres d’un tueur psychopathe qui élimine les personnages les uns après les autres. Bien sûr, le réalisateur s’approprie le genre pour en faire du pur Tarantino. On retrouve notamment des personnages extrêmement bavards, en permanence embarqués dans des conversations sur la musique ou le cinéma, mais aussi des références à son œuvre (musique de Kill Bill en sonnerie de portable, choix de l’actrice Zoë Bell, la doublure d’Uma Thurman dans Kill Bill, dans son propre rôle) et des clins d’œil à sa vie comme les magazines avec Marie-Antoinette de Sofia Coppola en couverture ou son apparition en barman paternaliste. Pas de doute, nous sommes bien dans l’univers à la fois déjanté et codifié qu’il construit depuis le début de sa carrière !
Toutefois, si sur le papier, ce mélange des genres semble on ne peut plus plaisant, le passage à la pellicule ne se fait pas sans mal, ne serait-ce que parce que les bavardages incessants et superficiels des héroïnes rendent la vision du film par moments assez insupportable. Leurs conversations sur les garçons ou la drague ralentissent en effet considérablement le rythme et, pour une réplique drôle de temps en temps, il faut supporter pas mal de propos creux ou stupides. La seconde partie du film tente heureusement de s’affranchir de ce défaut en entrant plus rapidement dans le vif du sujet, à savoir l’action et la violence. Ainsi, les deux courses-poursuites mettant aux prises le tueur Mike la cascade aux cascadeuses Kim et Zoe offrent un grand souffle d’air frais au film. Enfin, tous les coups sont permis, même les plus bas, et les filles déchaînées mettent une belle trempe à un gros dur tout à coup moins sûr de lui. Parfaitement jouissif.
Pour autant, Death proof reste avant tout un exercice de style. Malin, mais certainement pas brillant. De la part du réalisateur de Pulp fiction ou Kill Bill, on espérait plus d’inventivité et de fantaisie. En plus, les deux heures du film sont vraiment inégales, toute l’action étant finalement concentrée dans peu de scènes. On se demande aussi pourquoi le réalisateur n’a pas poussé le concept de l’hommage jusqu’au bout : quitte à remettre au goût du jour un genre des années 70, avec ses préoccupations, son esthétique et même ses faux problèmes techniques intégrés pour faire plus véridique, il aurait dû le situer à cette époque-là au lieu d’en faire une histoire prétendument contemporaine. Du coup, le féminisme ultra-agressif et un peu naïf des héroïnes (qui mènent les garçons par le bout du nez en leur refusant par exemple tout acte sexuel) paraît globalement anachronique, de même que leur comportement de poupées un peu sottes. Elles ont beau jurer comme des hommes, conduire de grosses voitures avec talent et être de belles parleuses, ces filles-là nous donnent malgré tout la nostalgie de The bride, vraie héroïne féministe intelligente et glamour. Avec Zoe et ses copines, on est un bon cran en dessous en termes de classe, d’élégance et de violence jubilatoire.
MpM
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