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Manderlay (Manderlay)
Sélection officielle - Compétition
Danemark / sortie le 09.11.05
SWEET HOME ALABAMA
"Cette fois, j’ai le pouvoir d’agir !"
Suite et répétitions. Dogville, deuxième service ! Service rapide, pour un assortiment à moindres saveurs. Lars Von Trier se répète. On ne s’attendait pas à quelque chose de foncièrement novateur, Manderlay suivant les même principes esthétiques et narratifs que Dogville. Mais on espérait une histoire au minimum égale à son grand frère d’un point de vue psychologique. On avait quitté une Grace (Nicole Kidman bien sur) affirmée et combative ; héroïne sans limite au dénouement du premier opus. On la retrouve moindrement volontaire, marchant plus à l’émotionnel, pour ne pas dire à la sensiblerie, qu’à la rage. Et la faute ne revient pas au jeu de Bryce Dallas Howard, la jeune actrice restant concrètement dévouée à son personnage, à l’instar d'Isaach de Bankolé, son partenaire masculin. De toute évidence, difficile de transcender l’univers fantasmagorique de Von Trier. Fantasmagorique certes, mais exempt de vraies touches imaginaires. Aucun coup de théâtre, peu de rebondissements : rien de viendra surprendre, Manderlay s’englue. Le réalisateur, portraitiste d’une Amérique qui ne filme pas, enchaîne les thématiques politiques et sociales avec une furtivité déconcertante.
De nobles causes à défendre pour une dramaturgie qui frôle le ridicule. Esclavage, torture, oppression, racisme, lutte pour les droites civiques, manipulations, mensonges, mais aussi séduction et sexualité : Manderlay brode maladroitement jusqu’à complaisance, autour de sujets pourtant propices à réflexion. Il ne s’agissait pas bien sur "de philosopher", réplique de notre viril Timothy à l’appui. Aucun risque : Von Trier s’en préservera, tenant un discours des plus basiques sans profondeur ni entrechocs. Seule nouveauté, comparativement à Dogville : une mise en scène nettement moins figée dans son propre principe, l'abstraction des décors. Von Trier multiplie les plans serrés tournés caméra à l’épaule, soubresauts visuels plus ou moins bien gérés à la clé. Images à l’état brut : la griffe servira concrètement le film. En vain. Question : fallait-il absolument donner une suite à Dogville ? Réchauffer la même sauce avant un troisième opus ? Une variation sur un même langage filmique aurait sans doute été plus efficace ; en tous cas propice à de vrais mouvements créatifs. En la matière et jusqu’ici Von Trier n’a jamais été en reste, quitte à se perdre dans ses propres élans. Un film étonnamment paisible sur une Amérique pourtant gangrenée.
Sabrina
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