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Le temps qui reste
Certain Regard
France / sortie le 30.11.05
SABLIER
"- Parfois faut savoir refuser. Pour ne pas décevoir."
François Ozon est-il encore inspiré pour réaliser des longs métrages? Nous pouvons en douter dès lors que son film repose sur un postulat qui tient trente minutes, une seule scène qui nous marque, et une fin qui s'égare dans la vacuité. Après les films concepts, Ozon nous livre une sorte de Mort à Venise, où la tentation serait simplement la vie, et où tout cela s'achève sur une plage qui se vide, un soleil qui se couche. Allongé, sur le sable. Mort, forcément. Image terriblement facile pour ne pas dire clichée. Peut-être aurait-il du prendre un peu plus de temps pour écrire son scénario (qui, après la visite à sa grand mère, tourne en rond) et pour trouver une mise en scène allant au delà du téléfilm ou du remake de ses courts métages (l'usage des photos, donc de l'image fixe, comme principe est assez galvaudée).
Le temps qui reste traite évidemment de la Fin de soi. La mort du cinéma d'Ozon peut-être. S'apitoyant sur ses propres fantasmes - Dieu, que la chair est triste! - le cinéaste débande et produit une série de clichés qui nous laisse froid. Les scènes de crises sont inégales. Le personnage principal, malgré l'honnêteté du jeu de Poupaud, ne nous atteint pas autant qu'un Todeschini dans Son frère. Les scènes sentimentales sont ratées. Le cinéma, ici, ne produit rien d'autre que de l'illustration feuilletonesque autour d'une psychologie grossière. Seule la séquence avec Jeanne Moreau s'élève vers une émotion, qui, du coup, déborde... Dans cette succession d'adieux, tous écrits pour nous faire chialer, il oppose avec manichéisme la naissance à la mort. Peu subtil. On s'attendait à mieux qu'un simple schéma héréditaire hétéro pour qu'un homo laisse sa trace. Il ne prend pas à bras le corps son sujet, qui aurait pu être magnifique. Au lieu de cela, il suit paresseusement la déchéance de son jeune homme cruel et arrogant.
Un fantôme qui capture des moments de vie comme on tente d'attraper son dernier souffle. Un peu de cul, quelques regrets, des souvenirs d'enfance : regression accélérée pour retrouver son innocence. Rien de plus. Frustration totale. "Donne moi ta main. Tu sens mon coeur? Il bat encore." Chez nous il s'est arrêté. Nous serons désormais dubitatifs avant d'aller voir un film de François Ozon.
vincy
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