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Quando sei nato non puoi piu nasconderti (Une fois que tu est né, tu ne peux pas te cacher)
Sélection officielle - Compétition
Italie / sortie le 14.12.05
MIRACLE A BRESCIA
« - Kurde et orphelin. Marchandise avariée. »
Déjà nous trouvions que sa précédente saga avait obtenu une réputation largement supérieure à sa qualité réelle. Grand téléfilm rempli d’émotion, divisé en deux parties, Nos meilleures années a donc conduit le nouveau film de Giordana dans la prestigieuse Compétition Officielle. A l’instar de Johnny To, que fait-il là, quand tant de bons films sont à la Quinzaine ? Pire, peut-on considérer que CE film là est ce qu’il y a de mieux en provenance d’Italie ? Si tel est le cas - outre la cohérence thématique avec les œuvres de Dardenne, Haneke, ou Kobayashi sur l’éducation et la responsabilité parentale – inquiétons-nous.
Pourtant, tout commençait bien. Enfin presque. Nous aurions du fuir en écoutant la musique sirupeuse pleine de trémolos… Quand tu es né… sera en effet à l’image de cette mélodie « eros ramazzotienne » : plein de bons sentiments. Ne soyons pas cyniques, à certains moments, nous avons cru à une variation sur le thème de La Chambre du fils. N’est pas Moretti qui veut. Ici, le fils sera sauvé des eaux. Puis, Giordana aborde l’immigration clandestine, phénomène primordial en Italie depuis des années, changeant radicalement le visage de ce pays. Il filme une Italie métissée (louable) et des boat people en détresse. Propos social qui pourrait faire écho au néo-réalisme italien. N’est pas De Sica qui veut.
Ni le scénario, prévisible en tous points, démago sur les bords, les caricatures et les clichés dessinés à gros traits, ni la réalisation, télévisuelle et vaguement esthétique, ne permettent à l’histoire de décoller vers une émotion, une réalité, une symbiose avec ses sujets. Le premier tiers pourrait être convaincant, même si tous les acteurs, clandestins inclus, sont presque trop beaux pour être vrais, si le dernier tiers n’était pas aussi racoleur, et aussi peu critique. Rien sur Berlusconi, mais tout pour la défense des bobos. Les Roumains y sont dépeints comme des voleurs et des proxénètes. Sans affirmer que cette œuvre sent mauvais – elle respecte les autres ethnies avec un souci du politiquement correct très actuel – toute cette naïveté et la banalité des rebondissements (et des réactions) nous indiquent qu’il s’agit juste d’une œuvre grossièrement manipulatrice.
En partant dans plusieurs directions, sans savoir laquelle choisir, Giordana s’égare, et nous raconte une histoire sans racines. Le film est, à l’instar du père : trop riche, trop beau, frimeur. Ce portrait de bobos est complaisant. Gosse de riche, Sandro, héros malgré lui, essaie de tisser un lien affectif avec le spectateur, sans jamais y parvenir. En revanche, l’irresponsabilité des parents, leur égoïsme, leur matérialisme, est admirablement décrit. Nous comprenons pourquoi la génération de leurs gamins, pourris gâtés, est perdue. C’était sans doute la volonté de Giordana de réaliser un film sur un avenir meilleur, plein d’espoir, où riches et pauvres seraient plus solidaires, où l’Italie pourrait accueillir des immigrés en masse…
Entre la confrontation au monde, l’initiation à la vie d’adulte et la découverte de l’amour, le film pouvait s’avérer « mortel », et tire-larmes. Soyons honnête, on a vite envie de se tirer de son siège. C’est regardable si l’on ne se pose pas de question au sens des images puisque celles-ci sont lisses et populistes. La télévision a définitivement tué le cinéma italien. «Il a suffit d’une vague, et il est mort, et nous avec», dit le père à la mère durant leur deuil. C’est exactement ce qui est arrivé avec l’intrusion du petit écran en Italie. Un second rôle par-ci (un curé pas très catholique), des belles séquences par là ne suffisent pas à compenser une écriture obsédée par l’action et la sensation. Sur la fin, tout devient lourd, confus, psychologiquement flou, et désespérément long. Le gamin avait donc un penchant pour les putes. Du cinéma de prostitution, en quelques sortes…
vincy
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