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Daniel Auteuil
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Sotto false nome (Le prix du désir - Strange crime)

Semaine critique - Séances spéciales
Italie / sortie le 10.11.04


CES OBSCURS OBJETS DU DESIR





"Elle vient du même pays que moi. Parle la même langue que moi. Je ne sais rien d'autre d'elle. Je sais qu'elle est entrée dans ma vie et ne veut plus en sortir"

Sotto falso nome, Strange crime : le titre original italien et sa version anglophone sont bien plus révélateurs des tonalités qu'emprunte ce film. Une ambiance, des décors et personnages émanant directement du néoréalisme italien ; un mystère transcrit par maints comportements amoureux et effet de style à la Basic Instinct : Le prix du désir est un thriller romantique emplit d'un certain suspense poétique et recelant, par-là même, tout un lot de dysfonctions liées à son rythme de dénouement. Pas de quoi s'impatienter, dans l'ensemble. Soulignons-le : seul l'avant climax tarde quelque peu à venir. Faite d'opacité, de non-dits, d'indices semés ci et là, l'intrigue évolue au gré de perpétuels enchaînements millimétrés sur le mode suivant : situations / crescendo / pause / transitions. A force, le procédé se révèle donc plutôt académique. Heureusement, la mise en scène de Roberto Ando - mélodieuse, lyrique et expressive à souhait - maintient avec force le cap du suspense. Superbe ! Rappelons que Le prix du désir n'est que son deuxième long métrage cinéma. Son brio et sa sensibilité artistique crèvent littéralement l'écran.
Priorité à l'éloquence des images, du gros plan au panoramique : photo, lumières, couleurs, mouvements de caméra et décors nous entraînent immanquablement au cœur de ce labyrinthe psychologique, au final assez bien ficelé. Dialogues et jeu d'acteurs, excellent tout aussi brillamment en matière de tonalités et reliefs clairs / obscurs. Auteuil en homme déchu, Mouglalis en femme fatale : le concept est réchauffé mais fonctionne ; du moins tant que les notions de secret et danger restent présentes. Les deux comédiens tiennent la cadence. Greta Scacchi, charismatique et authentique, campant ici une épouse et mère de famille trompée, vient parfaire le huis-clos. "Il est de celles qui ne vivent que de leurs trahisons, écrit et narre en voix le personnage d'Auteuil, en introduction du film. La réplique fait mouche. Reste sa valeur, son véritable sens : peu exploités et trop vite oubliés, si bien que l'on finit par douter de la véracité des faits. Cette histoire de secrets et passé caché ne serait-elle pas simplement exagérée par souci de dramaturgie ? L'opacité est telle qu'on se pose concrètement la question aux trois quarts du film. Les notions de faute (celle que Daniel aurait commise vingt ans plus tôt), de culpabilité, manipulation et vengeance arrivent ici bien trop tard pour que l'on puisse saisir tous les enjeux du récit et en profiter pleinement. Difficile d'en dire davantage, au risque de dévoiler l'histoire.
Faute d'événements avérés, le film se raccroche à sacro-saint thème de la passion destructrice, illustrée par une sexualité consumante, une dualité psychologique récurrente et autres poncifs tels que le mensonge, l'obsession, l'errance et l'adversité. La poursuite est insidieuse mais s'avère très bancale, puisqu'elle nous est longuement présenté comme un simple contrecoup de la vie ordinaire. Un romancier célèbre vivant caché, motivé par l'unique protection de sa vie privée ? Une histoire d'adultère intra familial ? Un chantage strictement financier ? Le film s'enlise dans un trop plein d'ambiguïté. Reste l'illustration musicale, remarquablement bien édifiée, allant jusqu'à matérialiser toute la narrativité du film, et faire passer la majorité des informations nécessaires au suivi de l'histoire. Artistiquement parlant, Le prix du désir est exceptionnel. Mais, pour le reste, peut-on vraiment s'en contenter ?

sabrina



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