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Production : Columbia Pictures, Imagine Entertainment Réalisation : Ron Howard Scénario : Akiva Goldsman, d'après le roman de Dan Brown Photo : Salvatore Totino Décors : Allan Cameron Distribution : Gaumont Columbia TriStar Musique : Hans Zimmer Effets spéciaux : MPC, Double Negative, The Senate Visual Effects Durée : 152 mn
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Da Vinci Code
Sélection officielle - Ouverture
USA / sortie le 17.05.06
Sources.
Rares sont les livres pouvant arguer d'être un phénomène littéraire. Un titre de livre qui devient aussi connu qu'une marque de yoghurt. Une énigme qui fait débattre vulgarisateurs, experts, lecteurs. Un débat qui va jusqu'au plus hautes sphères du pouvoir incriminé (l'église catholique et ses dérivés). Plusieurs livres satellitaires pour comprendre, "décrypter", analyser, justifier, critiquer, corriger le roman. Tous des best sellers! En attendant un sommet : le Da Vinci Code la vérité, dévoilée pendant 4 semaines par le magazine Famille Chrétienne. Le phénomène nourrissant le phénomène, le livre a permis de lancer un auteur, devenu le chouchou des tiroirs caisse des libraires ouvrage après ouvrage. 5 millions d'exemplaires aux USA, 1,5 millions d'exemplaires en France (et toujours dans le Top 5 des ventes en format poche) : en deux ans Dan Brown a vendu 20 millions de bouquins.
Si le principal mérite est d'avoir permis de revoir, redécouvrir certaines oeuvres d'art comme La Cène de De Vinci, ce produit de masse a aussi entraîné quelques déviances consuméristes : circuits touristiques sur les traces du héros et du Graal, courts métrages web (avec l'albinos Silas par exemple), détournements (The Dick Cheney Code). Le film était presque une évidence... Les droits ont donc été acquis quelques mois après la publication (qui date de fin 2003), par Sony, pour 6 millions de $.
C'est assez logique : à la lecture de Da Vinci Code, le film défile sous nos yeux sans trop d'efforts. L'écriture efficace, le découpage (à rebondissements), cette idée de course-poursuite mélangée à un complot forcément énorme politique, traversant les millénaires, tout contribue à en faire un scénario palpitant. Brown s'est inspiré de L'énigme sacrée (Baigent, Leigh, Lincoln en 1982), La révélation des Templiers (Picknett, Prince), La femme à la jarre d'albâtre (Starbird), entre autres. Entre les accusations de plagiat (l'auteur a été innocenté), le scepticisme autour de la théorie même de la descendance du Christ et les contestations ou approbations sur les analyses des oeuvres d'art, le Da Vinci Code a fait coulé beaucoup d'encre, délié de nombreuses paroles. Brown a au moins touché juste sur deux points : les liens mystérieux qui nous attachent à l'Art (et leurs messages cachés) et, surtout, la place de la femme (inexistante) dans la Chrétienté. Cela reste une FICTION. Mais cela ne nous empêche pas de nous interroger (à l'instar, récemment de Ferrara dans Mary) sur la place de Marie Madeleine dans l'histoire primitive de la Chrétienté. Les amalgames, interprétations, raccourcis ne sont là que pour créer une atmosphère où les grands mythes - Jésus, Les Templiers, la Renaissance italienne - se croisent; il ne s'agit pas de révéler une Histoire.
Symboles.
Il va falloir réviser, à moins que le réalisateur Ron Howard (soudainement illuminé par la subtilité du pouvoir des images?). La Cathédrale de Chartres, L'Eglise Saint-Sulpice, le Concile de Nicée, la Chapelle Rosslyn sont autant d'édifices religieux et célèbres que nous devrions (re)visiter. Outre la révision des sciences occultes (Baphomet, Culte de Mithra), il va falloir aussi comprendre ce qu'est le nombre d'or, le codex Leicester, la suite de Fibonacci, le Cryptex (totalement inventé pour les besoins de cette histoire). N'oubliez pas, non plus, de différencier la Rose-Croix de l'étoile de David, de refaire des anagramme (Oh Lame Saint donne The Mona Lisa). Parlant de la Joconde, il est temps de différencier ce célèbre tableau du Louvre de La Cène, l'Homme de Vitruve (mais si le logo de Manpower!), et la Vierge aux Rochers, tous du fameux Da Vinci. Peintre, sculpteur, architecte, scientifique, inventeur, philosophe, il est né à Vinci en Italie en 1452 et s'est éteint en 1519 à Amboise, en France. Son plus célèbre tableau, la Joconde (ou Mona Lisa) est à l'abri au Louvre, à Paris. Le coeur du Da Vinci Code.
Tout tombe bien : au moment où le Ministère de la Culture français décide de rentabiliser son patrimoine (en facilitant les autorisations de tournages audiovisuels notamment), Sofia Coppola investit le Château de Versailles et Sony obtient le droit de tourner dans le Louvre. (Ce n'est pas une première : Belphégor, The Dreamers, Funny Face, Bande à part). Pour pouvoir éclairer et filmer la Joconde, on utilisa une copie. Les délais de tournages étaient surtout assez serrés, profitant des jours de fermeture et des horaires de nuit. En revanche, en Grande Bretagne, l'Abbaye de Westminster a refusé d'être mêlé à ce pamphlet cinématographique. La Cathédrale de Lincoln a donc jouée les "remplaçantes".
Il faut dire que l'Eglise a ce succès littéraire en travers de la Croix. Complètement dépassée, n'ayant rien vu venir, le Vatican a mis un an et demi avant de condamner un livre qui a entraîner le doute chez ses plus fidèles ouailles. Cette stratégie d'abord défensive puis agressive a alimenté la théorie du complot, censée démontrer que le Vatican avait quelque chose a caché. Toujours cette confusion entre théorie et fiction, réalité et imaginaire, rumeurs et Histoire. L'Opus Dei n'est pas en reste. Se sentant fortement visé, cette institution de l'Eglise Catholique, que certains rapprochent davantage d'une secte, n'a pas cessé de menacer de procès et de représailles les profiteurs de cette supercherie. Le marketing là encore se nourrit de cette polémique. Ils ont déjà annoncé le boycott du film, et exige de la part de Sony d'ajouter partout qu'il s'agit d'une fiction, et que cela ne représente pas "fidèlement" l'Opus Dei.
Stars.
Film blasphématoire? Ou désir d'obscurantisme déguisé de la part de l'Eglise? Nous revoici aux temps de Savanarole, où le Vatican et ses filiales croyaient qu'ils pouvaient régir l'Art, la Politique, la Société? Sony s'en amuse et joue avec : avec un certain flair commercial, un film sans trop d'effets spéciaux, ésotérique et plein de suspens est devenu l'un des événements les plus attendus de l'année 2006. Au point de bousculer le planning des blockbusters comme M:I III, X-Men III... La vedette c'est Da Vinci.
Et le casting nous fait davantage saliver. Le personnage de Robert Langdon a eu plusieurs visages : Bill Paxton, Russell Crowe (deux fidèles à Ron Howard), Ralph Fiennes, Hugh Jackman. Crowe a longtemps tenu la corde, mais Howard et le producteur Grazer ont finalement opté pour une star plus consensuelle et largement plus connue : Tom Hanks. Hanks avait déjà tourné avec le réalisateur dans Apollo 13 et surtout leur premier hit, Splash.
Dans ce grand jeu de chaises musicales qui ont donné du grain à moudre aux fils d'actu, Jean Reno, Etienne Chicot, Jean-Pierre Marielle ont gagné pour les personnages français. Evidemment seul Réno est très connu à l'international (notamment grâce à Godzilla ou plus récemment La Panthère Rose). Mais, comme le choix de Ian McKellen (Le seigneur des Anneaux, les X-Men), Alfred Molina (Frida, Spider-Man 2), Paul Bettany (Master & Commander), démontrent une volonté de faire chic et qualitatif côté "gueules", le fait que Marielle soit Jacques Saulnière ne manque pas de classe.
Pour le rôle de Sophie Neveu, le maillon fort entre Saulnière et Langdon, le casting a été épique et sûrement très sexy. Julie Delpy puis Kate Beckinsale ont été les premières envisagées. Mais rapidement Grazer et Howard ont opté pour une Française plus typique. Défilé de Sophie Marceau (a priori la favorite vu sa filmographie hollywoodienne), Juliette Binoche, Viriginie Ledoyen, Judith Godrèche, Linda Hardy (finaliste surprise). Grâce à des essais concluants, une alchimie visible avec Hanks, sa côte d'amour auprès des cinéphiles grâce aux films de Jeunet, et malgré un contrat difficile à conclure (exigeante apparemment la demoiselle), c'est Audrey Tautou qui gagne le match. Elle a déjà tourné en anglais avec Amos Kollek et Stephen Frears. Mais la dimension de cette superproduction de 125 millions de $ n'a évidemment rien à voir avec ces films d'auteur.
Tourné l'été dernier à Paris (Louvre donc, mais aussi au Ritz, dans le quartier Saint Georges près de Montmartre), au Château de Villette (à Condecourt), en Ecosse et à Londres, le studio a simultanément lancé la campagne publicitaire avec cette Joconde codifiée. De poster sur une église romaine (finalement retiré après que le scandale ait bien fait son travail médiatique) en Eurostar réquisitionné (livres offerts durant l'automne, opération télévisée le 16 mai), le film tape dans la surenchère pour rendre sa sortie quasi mondiale (du 17 au 20 mai 2006) incontournable.
Mais le plus beau des coups c'est sans doute celui annoncé le 22 janvier 2006, jour de la saint Vincent : Da Vinci Code fera l'ouverture du plus grand des Festivals. L'avant-première mondiale, forcément phénoménale, sera à Cannes. Le Box Office devrait suivre. En dessous de 500 millions de $ dans le monde, on considérera que le code n'a pas été à la hauteur.
vincy
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